25 juin 2012

Les hommes malades


Par l'expression "Des hommes malades des animaux", nous voulions en effet décrire la contradiction de plus en plus aiguë chez nos contemporains entre des animaux de compagnie dont ils sont littéralement fous (c'est-à-dire qu'ils peuvent engager pour leur santé des sommes déraisonnables au regard de la santé publique) et des animaux de rente qui, du fait des conditions dans lesquelles ils vivent, les rendent malades (Digard, 1990). Cette tension entre animaux que nous protégeons et les animaux dont nous nous protégeons, entre zoolâtrie et zoonoses, qui apparaît de façon visible lorsque des crises sanitaires font percevoir les vaches comme "cannibales" et les poulets comme des "bombes à virus", résulte de l'accélération d'un processus millénaire de co-évolution entre les hommes et les microbes, dont il est probable que les microbes sortiront vainqueurs (Gualdo, 2006; Rodhain et Schwartz, 2008). L'apport de l'anthropologie sociale est aussi dans ce passage des crises sanitaires qui nous affolent à cette prise de conscience du temps long de l'évolution.

Frédéric Keck - Cahier d'anthropologie n°8

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