6 décembre 2013

Narcisse

Le caravage (entre 1594 et 1596)

L'homme qui n'aime que lui-même s'installe durablement sous la dépendance d'autrui. Tel l'ego-surfeur qui se «googlise» et compte, comme Harpagon ses petites pièces d'or, le nombre de pages qui parlent de lui, le sujet qui ne sort jamais de lui-même a besoin d'autrui comme de l'air qu'il respire. «Le misérable secret de Narcisse, écrit Clément Rosset, est une attention exagérée à l'autre», alors que le véritable amour de soi «implique une indifférence à toutes ses propres copies, telles qu'elles peuvent apparaître à autrui et, par le biais d'autrui, à moi-même». Le narcissisme, c'est plus fort que moi.



Enthoven termine son chapitre sur le narcissisme en opposant Montaigne à Rousseau, qualifiant le premier d'homme pudique qui se dépeint sans fard, l'autre d'exhibitionniste, Narcisse en chef. Ce que je pense effectivement de l'un et l'autre et renforce mon empathie pour L'endroit du décor, recueil étincelant du chroniqueur et producteur à France Culture.


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