"Nous possédons quelques vieilles histoires que nous nous repassons de bouche en bouche ; nous exhumons de vieilles malles, boîtes et tiroirs des lettres sans formule de politesse ni signature, dans lesquelles des hommes et des femmes qui ont autrefois existé et vécu sont réduits à de simples initiales ou de petits noms familiers nés de quelqu'affection maintenant incompréhensible et qui nous paraît du sanskrit ou du chacta ; nous entrevoyons vaguement des gens, ceux dans le sang et la semence de qui nous étions nous-mêmes latents et expectants, que la pénombre de ce temps exténué a doués à présent de proportions héroïques, en train d'accomplir leurs actes de simple passion et de simple violence, impénétrables au temps et inexplicables."William Faulkner - "Absalon, Absalon !" [p.127] - Traduit par R-N Raimbault avec la collaboration de Ch-P Vorce (1953) puis de F. Pitavy (1995).
Ce passage de Faulkner est placé en épigraphe de la troisième chronique, intitulée "Le journaliste", du livre de David Grann "La note américaine / Killers of the flower moon".
Pour aller plus loin avec ce passage de Faulkner, voir "Images du temps et inscription de l’événement dans les œuvres de William Faulkner et de Claude Simon", §8 - Anne Bourse.

Je trouve toujours assez magnétiques les mots de Faulkner... Je remarque que vous citez un livre dans lequel l'auteur étudie de concert Faulkner et Claude Simon... Tiens, tiens... Ce rapprochement m'étonne.
RépondreSupprimer« Mots magnétiques », dites-vous. J'admire en tout cas la manière dont les traducteurs se sont débrouillés pour rendre cet extrait.
SupprimerLe rapprochement entre l'Américain et Claude Simon se trouve dans une revue numérique de "OpenEdition Journals". Suivez le lien proposé via le mot "Voir" en bleu pour accéder à cette étude. On y trouve au §8 :
« Comment, résume André Bleikasten, sous quelles conditions et par quelles opérations, une histoire – n’importe quelle histoire et toute l’Histoire – devient-elle récit, et d’où un récit, quel qu’il soit, quel qu’en soit l’objet et quels qu’en soient les auteurs, peut-il tirer sa légitimité ? »
C'est assez pointu et il faut bien connaître Faulkner et Simon pour suivre l'autrice de la publication. Claude Simon m'est trop étranger pour que je puisse tirer profit du parallèle, mais tout ce qui a trait à Faulkner me parle.
Suit dans ce §8 l'extrait (en anglais) que je propose ici.
Merci. Je prendrai le temps de le lire. Je tourne autour de Faulkner depuis un moment... Bon week end.
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