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Pocket, 2018 - 425 pages |
Vers 1870, les terres des indiens Osages au Kansas sont vendues et la tribu est déplacée vers le Territoire Indien de l'Oklahoma (voir carte wikipédia en 1890). Ayant acheté leur propre réserve, les Osages conservent les droits miniers sur leur terre.
En 1894, de grandes quantités de pétrole ont été découvertes sous la vaste prairie leur appartenant. Au début du 20e siècle, les amérindiens Osages ont négocié et conclu avec le gouvernement américain un accord qui confirmait leurs droits miniers. Les sous-sols de la réserve contenant de grandes quantités de pétrole brut, ses membres bénéficièrent des redevances issues de sa production. Les entreprises et le gouvernement ont envoyé aux Osages des sommes qui, dans les années 1920, ont considérablement augmenté leur richesse. Durant l'année 1923, les Osages gagnèrent 30 millions de dollars en redevances. [Soit plus de 400 millions de $ actuels]
Cette manne considérable fut la cible d'une foule de comploteurs, de race blanche principalement, où l'on comptait aussi bien des hors-la-loi que des juristes, avocats et magnats de tous bords. Dans les années 1920, il est considéré que des dizaines d'amérindiens osages ont été assassinés pour accaparer leur argent.
Cette évaluation comptée en dizaines est largement sous-estimée, comme le démontre le volumineux dossier établi par David Grann.
Les investigations auxquelles s'est consacré l'écrivain journaliste, racontées scrupuleusement, révèlent des crimes bien plus nombreux et des corruptions et trahisons sans mesure. Le propre époux d'une Osage, prénommée Mollie, fit partie des rapaces prêts à tout pour s'emparer des biens des Indiens. Il s'agit d'Ernest Burkhart qui finit, lors de l'enquête menée par le valeureux Tom White, agent du Bureau d'Investigation, par se retourner contre les canailles au sommet de la pyramide avide. Parmi celles-ci, on ne peut manquer d'épingler l'ignoble et fier William K. Hale, quasiment intouchable grâce à ses relations criminelles et ses protections politiques.
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Mollie Kyle - Burkhart |
David Grann revisite les lieux dans les années 2012. Il rencontre des descendants osages et se voit replongé dans de nouvelles archives qui l'invitent à poursuivre son enquête. Il y découvre un tas d'autres assassinats et corruptions impunis. La 4e de couverture parle d'une "enquête époustouflante" et c'est bien le cas.
Au bout du livre, Grann s'évertue à remercier tous ceux qui y contribuèrent et cite une multitude de sources qui lui ont permis de tirer du néant cette période funeste. C'est durant celle-ci que l'Amérique tournait le dos au Grand Ouest pour entrer dans l'ère industrielle, qui coïncidait avec la naissance du F.B.I.. Edgar Hoover, premier patron égocentrique du Bureau of Investigation, tira sa gloire du succès de cette enquête monumentale. Il eut peu de mots pour honorer Tom White, l'homme qui fit un travail colossal dans les affaires qui anéantirent tant d'Osades.
Le travail de David Grann dénonce ce manque de gratitude et valorise l'action des agents du Bureau.
"La note américaine" / "Killers of the flower moon" n'est pas à proprement parler un livre passionnant comme peut l'être un roman policier, car il est très fouillé et s'intègre dans une démarche historique. En découvrant le scandale des assassinats d'Osages par balles, empoisonnements et incendies, l'indignation prend le dessus sur le plaisir de parcourir ce lourd dossier bien rédigé et exhaustif.
Les pages consacrées au procès à rebondissement de l'ignoble Edgar Hale m'ont particulièrement captivé. [À ce propos, Grann cite un historien local qui s'aventura à dire que ce procès fut l'objet d'une couverture médiatique beaucoup plus impressionnante que celui tenu dans le Tennessee la même année, lors duquel l'instituteur John Thomas Scopes fut accusé d'avoir enseigné la théorie de l'évolution à ses élèves.] [p.267]
Il est clair que l'aspect historique doit être salué et la recherche opiniâtre, souvent vaine, des coupables dans cette triste chronique est une valeur à placer haut. C'est la meilleure gratification que nous procure la lecture de "La note américaine".
La Fleur de Lune du titre choisi par David Grann est une plante dont la fleur, en forme de drapeau blanc, symbolise la pureté, la sérénité et la prospérité.
Extrait à venir.
J'ai lu le livre et vu le film, qui ne sont pas exactement semblables ou en tout cas ne mettent pas l'accent sur les mêmes faits et personnages. Mais les deux sont remarquables!!!
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu le film ; d'après les échos que j'en lis, il est très bien reçu.
SupprimerLivre et film furent des succès, ils le méritent. Le travail de Grann, certes bien aidé, est époustouflant.