18 mars 2011

La vérité sur Marie - Philippe Toussaint

Voilà un beau roman d'amour ! Amour déclaré pour une Marie par un narrateur dont on ignore tout, au fil d'un récit imprévisible et tourmenté, mené tambour battant comme à l'habitude par Jean-Philippe Toussaint.
A la page 74: "... je ne me trompais jamais sur Marie, je savais en toute circonstance comment Marie se comportait, je savais comment Marie réagissait, je connaissais Marie d'instinct, j'avais d'elle une connaissance infuse, un savoir inné, l'intelligence absolue: je savais la vérité sur Marie. "
La longue description (le quart du livre) de l'embarquement du pur-sang Zahir en avion, vrai moment de bonheur littéraire pour le lecteur carrément embarqué, prend une importance telle dans ce récit que l'on souhaite lui trouver sa justification. Peu avant ce départ, dans l'aéroport, le narrateur aperçoit Marie sur un escalator qui s'éloigne peut-être à jamais de lui. Les émotions qu'il doit vivre alors (tues par l'auteur) trouvent un écho sublime dans celles du cheval inquiet, effrayé et malade durant le décollage du 747 sous l'orage.

Un autre cheval paraît dans la dernière partie du récit: Marie a pris en affection la jument Nocciola qui appartenait à son père décédé. Après la mort de la jument dans un feu sur l'île d'Elbe, Marie décide de retrouver le lit de son amoureux. Un peu comme si cette perte définitive d'une part d'elle, la jument du père, cette autre fille du père, l'autorisait à revenir sereine et réconciliée vers son ami: ...Marie... devant moi dans le noir, se dépouillant de sa dimension imaginaire pour s'incarner dans le réel...
La liaison temporaire de Marie avec J-C de G. paraît comme l'épreuve qui lui a permis de trouver le chemin vers l'homme qui l'aime. 

Avec cet ouvrage, Jean-Philippe Toussaint confirme la verve que nous lui connaissons depuis La salle de bain. Il est souvent dit que ses personnages se suffisent à eux-mêmes: ils donnent aussi l'occasion au lecteur de leur prêter ses sentiments personnels au travers des scènes intenses éperdument étirées. 

Et puisqu'il est question de chevaux, j'ai envie de comparer la lecture de ce livre à une chevauchée au trot et au galop. Peu d'écrivains réussissent à tenir un rythme aussi alerte sans que j'aie envie de lâcher les rênes. Ce sera ma vérité sur l'auteur.

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