La pauvreté n'est pas incompatible avec le talent littéraire. C'est connu. Qu'un marginal indigent publie son vécu au moyen d'une prose distinguée est exceptionnel.
À l'issue d'un divorce, vous perdez tout, votre famille, votre emploi, votre logement: que faites-vous ? Le narrateur, qui est a priori l'auteur, choisit de faire avec ce qu'il a, c'est-à-dire moins que le revenu minimum. En revanche il garde sa dignité et gagne une plénitude intérieure: "vivre en suffisance".
À l'issue d'un divorce, vous perdez tout, votre famille, votre emploi, votre logement: que faites-vous ? Le narrateur, qui est a priori l'auteur, choisit de faire avec ce qu'il a, c'est-à-dire moins que le revenu minimum. En revanche il garde sa dignité et gagne une plénitude intérieure: "vivre en suffisance".
Les premières de cette trentaine de pages font penser à des trucs et astuces pour faire ses courses. On découvre vite que ce type qui plane autour des rayons d'alimentation n'a rien du consommateur lambda. La marginalité se dessine. Puis la situation précaire. Et on s'indigne de ce que cela puisse arriver: "Nous qui sommes dans un pays dit riche...". Et on culpabilise: "Ceux qui se disent pauvres (...) prennent la place de ceux qui ne disent rien et ne se plaignent pas". Enfin on s'interroge.
Qui se cache derrière Jean-Roger Geyer ? La quatrième de couverture dit que sous ce nom, se cache un écrivain confirmé et un anti-social qui entend le rester. Une recherche sur le web apprend qu'il a publié postérieurement L'Écrivain Posthume, l'appel presque désespéré d'un écrivain qui est dans les affres du refus perpétuel des maisons d'édition à se pencher sur son oeuvre. Un homme frustré par la vie ? Par la société certainement, au point de devenir anti-social, car il ne se reconnaît plus dans le système politique et économique.
L'art est de trouver une satiété en vivant du peu avec conscience. Ce gourmet désargenté se regarde avec dérision, ne se revendique d'aucune sagesse ni doctrine religieuse et n'est plus croyant. Il reconnaît cependant acquérir la capacité d'être plus prêt du choix de Dieu.
Si ce que dicte la société n'est pas nécessaire pour être bien, une question cruciale demeure: vivrait-il de la sorte s'il avait les moyens et la volonté de s'en sortir ? La constat tragique serait (et c'est sans doute le cas) que certains puissent dégringoler l'échelle sociale avec l'impossibilité de jamais remonter, quelles que soient les circonstances de leur faillite.
Ce que clame cet homme contre le vent s'appuie sur une détermination argumentée. Et parle à notre humanité, d'autant qu'il expérimente ce qu'il dit. Celui qui n'a rien doit trouver quelque chose à donner: ce livre en est le gage.
Ce que clame cet homme contre le vent s'appuie sur une détermination argumentée. Et parle à notre humanité, d'autant qu'il expérimente ce qu'il dit. Celui qui n'a rien doit trouver quelque chose à donner: ce livre en est le gage.
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