9 février 2012

Pourquoi lire ? - Charles Dantzig

Pourquoi lire ? J'aime beaucoup l'idée selon laquelle, en lisant, on aime entrer en contrebande dans la tête d'un auteur pour y voler ce que l'on veut. Et la lecture n'est plus vertu. Cela est déjà une réponse à la question. De là, Charles Dantzig affirme qu'on ne lit pas des livres pour s'y trouver, ni pour ressembler aux personnages. Davantage pour ressembler au talent qu'on y trouve selon lui. 

Il émet bien d'autres avis très personnels dans ce recueil passionné ("On ne lit que par amour") mais provocateur ("Un des signes des temps barbares est que l'ignorance n'a plus honte") que tout fervent de lecture parcourra d'un œil complice.

Lire certes mais pas n'importe quoi. Il a ses têtes: Stendhal, Proust, mais aussi ses cancres: Harry Potter, les livres de vampires,... tandis que Duras c'est bien mais il a à redire, alors que Stephen King est juste un "plouc millionnaire". Ceci le rendra suffisant aux yeux des moins littéraires, ceux qui ne lisent pas la pléiade.  
Qu'on soit de son avis ou pas, Dantzig se risque. Chaque sujet que l'auteur considère finement en chapitres distincts d'une demi-page, trois au plus, est l'occasion de se questionner. Vous n'êtes pas d'accord avec son point de vue ? Soutenez votre contradiction, il sera sans doute heureux de vous avoir secoué: n'est-ce pas lui qui dit que les lectures allant trop dans le sens de vos goûts peuvent être dangereuses ?

Dantzig s'insurge contre la littérature qui devrait servir à quelque chose, et plus encore contre les livres qui sont écrits avec intention. Un livre qui tente de plaire ou de persuader, c'est une forme de condescendance. Je n'ai pas lu son "Dictionnaire égoïste de la littérature française", mais dire qu'il est qualifié de subjectif par beaucoup de critiques est un euphémisme. Ce livre-ci ne l'est pas moins: forcément, chacun a ses raisons que la raison...

Ajoutons encore que le numérique n'ébranle guère notre homme: "la littérature ne dépend pas du papier et ayant lu Darwin, le poète s'adapte". Bel acte de foi.   
Évadons-nous, pour conclure, dans le très poétique The Fanatstic Flying Books of Mr. Morris Lessmore (studios Moonbot) dont sont tirées les illustrations de cette chronique. Vous y découvrirez peut-être un Pourquoi lire ?

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