Retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel, Gallet a reçu dans la face une balle tirée à sept mètres. Mais c'est un coup de couteau porté au même moment qui le blesse mortellement au cœur. Personne n'a rien vu. Il y a des suspects: son fils et sa maîtresse, le châtelain voisin. Nouveaux coups de feu alors que l'adjoint de Maigret enquête dans la chambre du crime: il est atteint à l'oreille. Mais là d'où on aurait pu tirer, on n'a vu personne, vraiment personne. Et aucun des suspects ne pouvait matériellement s'y trouver. Épais mystère que je vous laisse le soin d'éclaircir avec ce roman qui voit apparaître le nom de Georges Simenon en librairie. À l'origine le titre était La chasse à l'ombre.
Maigret casse sa pipe dans cette enquête. Si vous en doutez, on lit pourtant chapitre 11: Le tuyau de la pipe que Maigret avait aux dents se brisa net, parce que, en cessant de parler, il avait soudain serré les mâchoires. Costaud mais quand même...
A propos de dent dure, ayons-la un peu: si l'idée très originale est bien amenée, j'ai personnellement été gêné par son aboutissement qui m'a paru tourner longuement au cœur de l'énigme (le but est d'attiser la curiosité du lecteur) autour de ce chemin des orties, son mur et sa grille. Je pense que ma difficulté à visualiser l'endroit en est la cause. Qu'il s'agisse d'une carence de l'auteur dans sa description ou d'une forme d'inattention à la lecture (je n'aime pas revenir en arrière dans un roman policier, ce serait comme descendre d'un train en marche), on remarque que cette enquête n'a pas eu de version cinématographique. Pas assez visuelle ? Lis-je un Maigret comme un film ?
Je tiens à rester critique avec ces œuvres que je (re)découvre avec bonheur, sans quoi on risque de me taxer de favoritisme liégeois ! Mon cœur reste certainement bien attaché à ces histoires qui vieillissent bien.
Les marques du temps ? Elles sont foison dans le Sancerre des années 30 aux alentours de l'hôtel de la Loire. Les coups d'un marteau sur l'enclume, un gendarme à vélo et en guêtres, un corbillard tiré par des chevaux, des serveuses en tablier et bonnet blancs avec une bonne qui cire un parquet à genoux . Ajoutez des poules et des oies dans la cour de l'hôtel et vous y êtes.
Vous serez également surpris d'entendre Maigret demander la diffusion d'un appel par le tambour de ville. Plus encore quand vous le verrez tirer une loupe de sa poche pour inspecter une serrure. C'était hier pourtant !
Titillé par le passé, j'ai fouiné à Liège de-ci de-là en quête d'archives sur le romancier et peux vous assurer que l'on en a écrit des pages sur lui ! J'espère vous proposer bientôt des informations singulières lors de mes prochaines chroniques. Saviez-vous par exemple que le patronyme Maigret était celui d'un médecin dans un des tout premiers romans Une ombre dans la nuit (1929) de Georges-Martin Georges ? Et que c'est celui d'un médecin voisin du couple Simenon lorsqu'il logeait place des Vosges à Paris ? D'ailleurs on sait que le commissaire avait commencé des études de médecine avant d'entrer dans la police[1]...
Je voudrais enfin signaler deux blogs dédiés à Maigret qui raviront maigretphiles et nostalgiques: maigret et enquetes-de-maigret (série TV).
Lu sur Sony PRS-T1
[1] Quelques considérations onomastiques de Michel Antoine dans le cadre d'une séance publique Simenon le passager du siècle de l' ARLLFB, nov 2002.
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