22 juillet 2014

Le ciel breton de la marquise




Cette collection "Éloge de..." aux "éditions du Rocher" se propose de louer le bon côté de certains défauts. Tirer le meilleur du pire, le plus du moins ou, dans le cas qui nous occupe, faire l'éloge de ce qui apparaît contradictoire est un projet qui conduit aisément sur des chemins philosophiques et sollicite les meilleurs auteurs, comme François Bott qui se propose de valoriser le contraire et partant le paradoxe.

Que toute vérité porte en elle son contraire peut bousculer les opinions très admises d'esprits carrés et c'est en cela certainement que séduisent d'emblée les propos voilés d'humour de Bott. Il convoque à cet effet les traits les plus fins d'auteurs confrontés à leurs contradictions: De Wilde à Sévigné, de Groucho Marx à Chamfort, tous les vivent avec ironie et la distance des mots. Auteur intelligent, il glisse judicieusement sous son propos amusant et amusé, l'idylle qui se noue entre l'attachante concierge de l'immeuble – une concierge qui a des états d'âme, cela fait désordre - et Axel, ce garçon de café plutôt philosophe dont le père eut Sartre pour client.

S'il est un écrivain qui m'a appris à déceler et saluer gentiment mes paradoxes, il s'agit bien de Borges. Le plus beau chapitre de ce livre lui est consacré, lui qui, dans le silence de sa bibliothèque, répondait, quand on lui demandait des nouvelles du Borges voyageur, qu'il n'en avait plus depuis longtemps car « c'est à l'autre que les choses arrivent». "Dans chaque homme, il y a toujours deux hommes, disait-il, et le plus vrai, c'est l'autre."


Tant de jolies citations émaillent ce livre que je m'en voudrais de ne pas vous en faire profiter durant l'été. Elles fleuriront ici au fil du temps, cueillez-les et souriez. La plus belle, la plus intelligente, la plus admirable reste celle de la marquise de Sévigné qui tourna en dérision ses vérités du moment, changeantes comme un ciel de Bretagne, soupirant doucement : "Je ne suis pas toujours de mon avis".


Commentaires





2 commentaires:

  1. Quel soulagement que de rencontrer tant de personnes paradoxales : ouf, l'ennui est loin d'avoir gagné.
    Bonne journée.

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    1. Il arrive que nous soyons troublé par nos paradoxes et voir les autres assumer les leurs nous faire dire ouf !
      Bonne journée.

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