Est-ce la proximité de la rentrée des classes, cahiers et cartables entassés – déjà en désordre – sur les rayons des magasins, ou ce ciel frileux balayé par des bourrasques confuses rappelant les fenêtres d'une salle de classe en automne ? Pincé par une soûlante nostalgie de temps studieux, me voilà séduit par ce petit livre d'école, pimpant et gai comme un plumier neuf.
La marquise bien sûr, elle m'est restée avec cette moue navrée, contrainte d'avouer avec esprit ne pas toujours être de son propre avis. Et s'il s'agit de lire ou redécouvrir quelques unes de ses lettres, allez j'achète !
Ils ont de la chance les collégiens d'aujourd'hui : ces Petits Classiques Larousse sont des bijoux de présentation, avec un papier pas râpeux ni roide, un format pratique aux coins arrondis, une couverture satinée, où les caractère Madame de Sévigné figurent même en relief. Et le prix est donné, forcément, c'est pour l'école ?
Le sourire naît face aux nombreux subjonctifs plus-que-désuets et l'on se dit que la réception d'une seule de ces lettres emphatiques venant de mère, fille ou amie la rangerait immédiatement dans les excentriques ou les farceuses. Mais le style a de l'allure. Cette correspondance, bien que rédigée à l'attention d'un(e) seul(e) destinataire, était couramment lue par des proches et il arrivait que sa rédaction participe de plusieurs auteurs, l'amie ou la confidente ajoutant son mot au corps de la lettre. Voilà pourquoi cette correspondance privée et intime avait un caractère public qui contribuait à en justifier le savoir-faire et de là sa valeur littéraire.
Le sourire naît face aux nombreux subjonctifs plus-que-désuets et l'on se dit que la réception d'une seule de ces lettres emphatiques venant de mère, fille ou amie la rangerait immédiatement dans les excentriques ou les farceuses. Mais le style a de l'allure. Cette correspondance, bien que rédigée à l'attention d'un(e) seul(e) destinataire, était couramment lue par des proches et il arrivait que sa rédaction participe de plusieurs auteurs, l'amie ou la confidente ajoutant son mot au corps de la lettre. Voilà pourquoi cette correspondance privée et intime avait un caractère public qui contribuait à en justifier le savoir-faire et de là sa valeur littéraire.
Les lettres adressées à la fille et d'autres destinataires sont un témoignage essentiel sur la vie politique, mondaine et quotidienne de Paris au 17è siècle. L'incendie nocturne chez les voisins en mules et chemise de nuit, la disgrâce à la cour d'un secrétaire d'état, l'exécution publique des empoisonneuses la Voisin et la De Brinvilliers, le compte-rendu d'un spectacle à Versailles, avec en scoop quelques mots échangés avec Louis XIV,... : la capitale du roi-soleil revit.
La marquise propose un exemple amusant de son inclination à ne pas toujours être de son avis. Le 18 mars 1671, elle fait état de la nouvelle coiffure de Madame la duchesse de Nevers qui est la plus ridicule chose qu'on peut s'imaginer. Tout cela fait une petite tête de chou ronde, sans nulle chose par les côtés. [...]...cela est au point que le roi et les dames sensées en pâment de rire. Seize jours plus tard, le 4 mars, elle écrit à Madame de Grignan qu'elle est rendue et, se jugeant trop âgée pour l'adopter, elle la propose à sa fille : je ferai coiffer une poupée pour vous l'envoyer. Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis et nous savons que la Sévigné n'en était pas. Non plus quand elle se posait des questions existentielles avec une feinte ingénuité : Je me trouve dans un engagement qui m'embarrasse : je suis embarquée dans la vie sans mon consentement ; il faut que j'en sorte, cela m'assomme. [...] et je trouve la mort si terrible, que je hais plus la vie parce qu'elle m'y mène, que par les épines que j'y rencontre. On entend toujours, quel que soit le propos, une femme heureuse.
J'ai apprécié que le petit livre mette l'accent sur l'importance de la correspondance écrite – et de la poste – à l'époque. Le bout du monde n'était pas sous les doigts du smartphone et il courait moins vite en attendant des nouvelles de Paris... J'ai également pris plaisir à "évaluer" les questions scolaires (puisqu'il s'agit d'un livre destiné aux études) en m'abstenant toutefois de rechercher les champs lexicaux ou autres déterminants possessifs... Pas trop d'école quand même.
Je mets un dix à la collection. Demain j'achète une pièce de Molière ou de Shakespeare et me les réserve pour ces moments douillets où, là-bas, les classes bourdonneront de souvenirs de vacances.
Des lettres de Madame de Sévigné à sa fille sont disponibles gratuitement en version audio sur Littérature Audio.
Voilà qui me donne une furieuse envie de me précipiter sur cette correspondance (et n'oublions pas que la grand mère du Narrateur adorait cette Marquise). Quant aux imparfaits du subjonctif, quel ravissement...
RépondreSupprimerPlongé dans les époques révolues, dans les classiques un peu scolaires, on en ressort vert et ragaillardi. Quel ravissement en effet...
Supprimerj'ai acheté il y a peu deux fascicules du même type pour ma petite fille qui vit aux US et qui étudie en partie avec le CNED, c'était un plaisir de les feuilleter
RépondreSupprimerje retiens le nom de cette collection
Mme de Sévigné c'est aussi tout à fait heureux à écouter lu par Marie Christine Barreau si ça vous tente
Quelle bonne idée ! Oui bien sûr Dominique, si vous avez du temps pour me les faire parvenir via Dropbox, comme d'habitude...
SupprimerLes audios gratuits sont lus par "Pomme", c'est bien mais une vraie actrice...
Merci et bonne journée !
J'avais perdu votre trace, je l'ai retrouvée ce matin en passant chez Dominique. Je note la collection, j'ai lu une partie de la correspondance de la Marquise avec grand plaisir, j'y reviendrais volontiers.
RépondreSupprimerVous m'aviez perdue et ce n'est pas étonnant, avec les désagréments rencontrés sur over-blog et la migration.
SupprimerEnfin vous êtes là pour me confirmer le bien que pense en général la communauté lecture de cette vielle correspondance.
La même qui, dans '"Eloge", n'est pas de son avis ?
RépondreSupprimer;-)
C'est bien elle, confirmée dans cette attitude à propos de la nouvelle coiffure de Madame de Nevers... ;)
SupprimerCela me fait plaisir que vous vous attardiez sur les qualités de cette collection, qui a su se renouveler au fil des ans. Dans ma bibliothèque, les plus anciens Classiques Larousse portent la signature de mon père : couverture violette, médaillon, décor pompeux et monogramme. Puis un mauve plus foncé, un décor plus simple, un "L" aux 4 coins. Les "nouveaux Classiques Larousse" passent au blanc, avec une photo en couverture, et puis... et puis... Relire Mme de Sévigné, pour le plaisir des bons mots.
RépondreSupprimerJ'ai étudié à l'athénée avec les seconds que vous rappelez, couverture mauve foncé, "Les caprice de Marianne", "La chanson de Roland" et bien d'autres qu'il fallait acheter pour le cours de français. Je regrette de ne pas en retrouver parmi mes vieux livres. Les nouveaux formats sont pratiques et élégants, je n'ai pas résisté à celui-ci, peut-être d'autres...
SupprimerOserais-je dire que je n'ai jamais lu ces lettres? Oui, vous donnez vraiment envie de commander quelques exemplaires de cette collection, en effet, de mon enfance, puis de vie de prof...pour les questions aux élèves, je dois avouer que j'avais parfois bien du mal à y répondre moi-même...je leur disais: celle-ci, on la saute! Haaaa!
RépondreSupprimerAh bon !?
SupprimerPeut-être qu'à en temps-là, élève, j'avais cet avis-là (haaaa!) quand on sautait un auteur classique. Aujourd'hui j'y prends un plaisir mêlé d'intérêt.
Précision dominicale: je ne "sautais " pas Mme de Sévigné (!!!) sinon certaines questions en bas de texte, concoctées par ...en fait par qui? je ne m'en souviens pas.
SupprimerBon dimanche à vous.
Je suis désolé d'avoir mal compris, excusez-moi Colette, en fait je me suis rendu compte par après que vous éludiez certaines questions.
SupprimerDans ce cas-ci, il est renseigné Florence Renner qui a annoté et commenté le livre, et rédigé les questions j'imagine. Cette petite collection vaut le détour pour approcher valablement une œuvre.
Incroyable : je suis justement en train de relire les lettres de la Marquise, car je suis passée pendant mes vacances pas très loin de Grignan et j'ai eu l'envie de les relire.... Je vais aller m'acheter ce petit classique Larousse, tiens.... Histoire de rajeunir encore. Merci et bon dimanche.
RépondreSupprimerVous n'allez pas vous ruiner avec ce Petit Classique... Grignan, je crois que la Marquise n'y a pas séjourné très longtemps auprès de sa fille, un an en 1672 et en 1694 jusqu'à sa mort. (J'ai bien retenu ma leçon...).
SupprimerBon dimanche.
Parfait, leçon bien apprise....
SupprimerNon, je ne me suis pas ruinée ! Il est là, sur ma table de nuit...
Bonne semaine.
Je vous souhaite beaucoup de bonheur à le lire. Bonne semaine !
SupprimerJe l'ai lu et relu l'an dernier... un bon choix, ce sont des textes que l'on apprécie plus on les lit ;-)
RépondreSupprimerJ'ai vu sur "Le bruit des pages" que vous (re)lisiez parfois des classiques. Et je ne suis pas surpris de vous voir apprécier ce titre-ci, au point de le relire ;-)
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