Sur base d'un chapitre remanié de son essai "Rouvrir le roman", Sophie Divry propose dans Le Monde Diplomatique un article intitulé "La mystérieuse affaire du style" où elle reprend le sujet de la pluralité des styles, revisitant la maxime "le style c'est l'homme" (Buffon, 1753).
"Au lieu de se poser la question «Comment exprimer mon moi ?», il faudrait se demander : « Quel est le but esthétique et moral de mon texte, et quels sont les moyens stylistiques les plus adaptés à celui-ci ? » Car, ne nous leurrons pas, l'obsession de se distinguer du vulgaire étant ce qui rassemble les artistes de siècle en siècle, les écrivains dérivent facilement de la recherche d'un style à l'exaltation de leur ego. S'efforcer à une pluralité stylistique permet au contraire de s'extraire de la vanité de l'écrivain-moi-même-unique-au-monde. Toutefois, l'injonction d'être multiple serait aussi stupide que l'injonction d'être unique."
L'exaltation (plus ou moins modéré) de l'égo ne fait-elle pas partie de l'expression littéraire ou artistique?
RépondreSupprimerJe suis peut-être naïve mais je l'ai toujours pensé..
Bonne journée, soleil!
Je pense que l'artiste (l'écrivain, le poète, le peintre, ...) s'exalte pour quelque chose, à propos de ce qu'il veut représenter, raconter, mais exalter son ego... : c'est regardez-moi, regardez-moi !
SupprimerJe n'aime pas, pour ma part et en cela je rejoins S Divry, c'est l'œuvre qui importe d'abord, pas l'artiste. Mais je comprends qu'on puisse ne pas être de cet avis.
Beau soleil ici, nous en avons profité toute la journée !
Divry ajoute : "Au lieu de se poser la question «Comment exprimer mon moi ?», il faudrait se demander : «Quel est le but esthétique et moral de mon texte, et quels sont les moyens stylistiques les plus adaptés à celui-ci ?»"
SupprimerCette phrase se situe juste avant l'extrait que j'ai donné, j'aurais peut-être dû l'inclure.
oui !
SupprimerC'est fait.
SupprimerTous les écrivains veulent se distinguer, sans doute ; du vulgaire, je ne sais pas.
RépondreSupprimerD'accord avec la dernière phrase.
Merci du lien vers l'article, ce qu'on peut en lire en ligne est intéressant. Quant à "la volonté narcissique d’avoir un style reconnaissable", elle existe aussi dans les arts plastiques. Certains artistes semblent même en faire leur seul objectif.
Il faut sans doute lire "vulgaire" comme "commun des mortels"...
SupprimerLa volonté du style reconnaissable doit-elle vraiment être l'objectif premier d'un artiste ? C'est très discutable. J'y vois vite un relent commercial qui me dérange.
J'aimerais vous faire parvenir l'article complet du MD, je vais voir comment en faire une copie.
Bonne soirée Tania.
Merci beaucoup pour votre copie de ce bel article, Christian. Est-ce que Camus ne pourrait pas aussi être cité en exemple de cette recherche d'un style approprié à chacun de ses romans (L'étranger, La Peste, La Chute) ? L'affaire Romain Gary/Emile Ajar illustre sans doute la volonté de s'affirmer et de se faire accepter (et d'abord éditer) comme écrivain dans un autre style.
SupprimerComme vous, je pense que le style volontairement "reconnaissable" est lié à un objectif commercial. C'est en pensant à des écrivains fabricants de best-sellers que j'ironisais, ceux qui vendent leur histoire écrite d'une manière commune, passe-partout (sans se distinguer du vulgaire).
Cela étant dit, non que cela ait été leur objectif, on reconnaît au bout d'un certain temps passé avec eux "la petite musique" de certains écrivains, la touche de certains peintres, le style de certains sculpteurs, leur manière de donner forme à leur univers, leur singularité.
Bonne fin de semaine, à bientôt.
C'est vrai, Camus sait approprier l'écriture au sujet et je n'avais pas songé à la mystification de Gary, exemple frappant.
SupprimerJe suis entièrement d'accord avec "la petite musique", spontanée, naturelle, que l'on n'entend pas surjouée, la touche singulière et indicible des créateurs.
Merci d'être revenue sur le sujet, je trouve votre commentaire très utile.
Bonne fin de semaine.
Se distinguer du vulgaire, c'est-à-dire du "tout courant" en fait, montrer donc une singularité...
RépondreSupprimerNe pas oublier les postures, et impostures potentielles, ...
Oui, bon, je ne sais pas vraiment à quoi ça nous mène, et où ...
C'est pas mon approche je dirais...
Multiple, unique, ...
:-)
Montrer une singularité est louable et même recommandable pour un artiste. Lorsqu'il s'agit d'un écrivain, je ne sais pas si ce doit être un volonté première, je préfère une manière spontanée qui est naturellement singulière, non «forcée".
SupprimerBonne soirée K.
Commentaire éclairant, merci !
SupprimerBonne soirée aussi !
La mystérieuse affaire du style, une formule qui va faire mon bonheur aujourd'hui!
RépondreSupprimerOn ses souvient de "La mystérieuse affaire de Styles", premier roman d'Agatha Christie. Bonne journée !
SupprimerMErci d'avoir fait le lien vers l'article mais je n'ai pas accès à l'article en entier, hélas...
RépondreSupprimerPouvez-vous me faire parvenir votre adresse mail par le formulaire de contact ? J'essaierai de vous faire parvenir une copie photo. Bonne soirée Maggie.
SupprimerMerci pour l'article : très intéressant. En revanche, j'ai lu un livre de Divry et je l'ai trouvé assez pénible...
SupprimerSi vous faites allusion à un roman de Divry, je n'ai pas d'avis, j'en ai lu quelques lignes (je ne sais plus quel titre) et ne me suis pas senti à l'aise dans le genre (c'est un euphémisme). J'aurais dû aller plus loin, mais bon, je préfère a priori ses chapitres sur la théorie du roman.
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