[Celui qu'on nomme l'Écrivain a quitté la ville natale pour mourir quelques jours plus tard dans un wagon du Transsibérien.]
Le voyage de l'Écrivain a été le voyage de quelqu'un qui se sent victime d'une duperie insupportable. D'une duperie fondée sur la trahison. Le jeu de cette duperie est cyclique comme les pluies : les trahisons de la ville natale sont le coup de pistolet qui indique l'heure du départ, l'heure d'entreprendre le voyage. Les mutations d'une ville sont des trahisons, parce qu'elles finissent par la nier, et dans cette négation se niche l'oubli. L'amnésie de la ville est devenue une agression pour l'Écrivain : la ville de l'oubli face à l'homme qui faisait de la mémoire sa raison de vivre. La ville qui a besoin de l'oubli pour continuer d'exister. L'Écrivain cessa de vivre dans la ville qui existait et se mit à vivre dans la ville qu'il imaginait : celle où le souvenir est défiguré par l'invention pour finir par constituer une vérité que l'on nomme littérature. [...]. L'Écrivain s'est moqué de nous tous parce qu'il avait éprouvé avant la peur la plus immonde : celle qu'éprouve celui qui sait qu'il est l'habitant d'un marais ; que sa propre peau est visqueuse comme celle d'un batracien ; que les autres s'agitent autour comme des couleuvres d'eau sans se rendre compte qu'ils vivent dans un marais et que leur peau est couverte d'écailles. L'Écrivain a vu la putréfaction de la ville et a décidé de la travestir par sa mémoire pour pouvoir de la sorte la nier sans relâche. Comme dans la nuit la plus sombre de Jérusalem.
l'ambre c'est vraiment quelquechose de magnifique dommage qu'on en fasse des bijoux parfois très quelconques
RépondreSupprimerJe ne connais pas grand chose aux bijoux, mais la matière ambre, les photos que j'ai vues sont magnifiques, c'est vrai.
SupprimerBonne fin de semaine Dominique.
En ces jours de fortes chaleurs et de rut nationalo-americaine, je reste à l'ambre. Pétrifié mais pas résigné.��
SupprimerJoli !
SupprimerJe retrouve ici l'amour de Llop pour les villes, les souvenirs qu'elles laissent dans la mémoire. Mémoire comme un écrin...ambré, chaud d e soleil ici donc.
RépondreSupprimerBon dimanche Christian.
Écrin chaud, ambré : que nous regrettons la grande bleue ! Ici, les nuages et les averses accompagnent traditionnellement le juillet belge.
SupprimerBon dimanche Colette.
Extrait intriguant, où je retrouve un goût du rythme, de la répétition, propre à l'auteur.
RépondreSupprimer"La ville d'ambre" est un roman intriguant, en effet, et sombre. Par là, il a des allures de rivage des Syrtes (Graq). Je ne sais pas si c'est une constance chez Llop, il semble que non au «lu» des premières pages de "Solstice", plus allègres. Et toujours ce style que vous soulignez, avec un sens aigu de la métaphore et du détail révélateurs.
SupprimerPS : LA fougère est absolument magnifique !
RépondreSupprimerL'ambre réserve de belles surprises visuelles.
Supprimer