Elle fut un temps ”la petite bijou”, c'était quand elle joua un tout petit rôle dans un film où sa mère, poussée par un ami, avait fait actrice. ”Bijou” parce que maman avait soudain besoin d'un petit chien à ses côtés. Cela ne dura pas, les grimaces agacées et les colères reprirent, la petite ne reçut jamais d'amour, pas plus qu'elle ne connut un père.
On suit plus tard Thérèse seule dans Paris, mal logée, en mal de tendresse et de reconnaissance, avec au ventre la peur de tout, en quête de la moindre lueur apaisante : lumière verte d'enseigne de pharmacie, la lampe verte du poste de radio du polyglotte Moreau-Badmaev, les yeux verts d'une pharmacienne empathique. Un jour dans le métro, elle aperçoit sa mère dans un manteau jaune usé. Le roman se lit vite, cent-cinquante pages, la gorge se noue parfois.
Jérôme Garcin (L'Obs, avril 2001) est élogieux à propos du roman de la jeune femme à l'abandon, dans lequel Modiano "prend le temps de regarder, d'écouter et d'accompagner avec une infinie délicatesse". Le journaliste et écrivain écrit que "Jamais Patrick Modiano n'a mieux exprimé que dans ce roman somnambulique la quintessence de son art". J'ai tendance à rejoindre cet éloge.
C'est un bel éloge et je vous suivrai volontiers dans cette lecture, je note.
RépondreSupprimer"Roman somnambulique", écrit J. Garcin, passé et présent s'y font écho parfois, c'est étrange et très bien fait.
SupprimerTrès tentant, je lis que Modiano a dit (ou écrit?) La petite bijou c'est moi...(dans le lien ).
RépondreSupprimerJe le lirai, aucun doute, merci.
La petite bijou est une créature fantasmée par l'auteur, à la différence d'un autre personnage, Dora Bruder, qui a existé (chroniqué ici en décembre 1921, cf "Liste des auteurs").
SupprimerBonne lecture si vous y allez.