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Éditions Noir au Blanc, 2025 - 177 pages |
"L’ombre des événements de Mai-68 plane sur ce couple, dont les idéaux communautaires, les échanges sincères et les engagements amoureux peinent à combler le vide intérieur." (voir "Midi Libre" - 14 juin 2025).
Sur le fond, je me dis toutefois que mai 68, qui, on ne le niera pas, a soufflé un vent de liberté, a stimulé l'amour libre et collectif, n'était que la flambée passagère et au grand jour, de ce qui existe de tout temps. Relisez Henry Miller, Anaïs Nin, Maupassant même ou Colette, vous y découvrirez, à mots couverts chez certain(e)s, de fameux adultères et dévergondages. La nouveauté en 1968, c'étaient les joints qui faisaient planer les ébats, tandis qu'aujourd'hui, avec les dépendances à la consommation-reine, plus ravageuses, un autre monde se dessine [voir extrait en bas].
La dernière phrase du livre est très touchante, d'où l'Amour (A majuscule s'il vous plaît) émerge, timidement, mais il émerge. Ce texte m'est apparu bien écrit, inéluctablement lucide, parfois rendu monotone par des séquences qui me semblent n'importer qu'au narrateur. Ce dernier avance néanmoins des analyses psychologiques qu'il accompagne d'une franchise sans fard.
On ne sait quelle part est autobiographique dans ce livre qualifié de roman.
Une bonne manière d'approcher André Gardies est de parcourir son site, où l'on découvre un féru de cinéma et collaborateur de Robbe-Grillet pour des réflexions théoriques sur le 7e art (Curieusement, "Le temps des pluies venues de l'océan", n'est pas repris dans la bibliographie).
Extrait de "Le temps des pluies venues de l'océan" : [élection de V. G. D'Estaing vs Mitterrand le 29 mai 1974]
Pourtant avec Giscard, non, il n'y avait pas eu de véritable retour en arrière ni de rétablissement de l'ordre moral, comme on le redoutait. Plutôt une politique insidieuse, qui avançait masquée. Modernité et jeunesse, les images sur lesquelles le candidat-président avait fondé sa campagne électorale, allaient trouver à s'incarner, avec la majorité à dix-huit ans, la loi Weil, la réforme du divorce ou encore l'allègement de la censure. Un libéralisme généralisé, tant au niveau de l'économie qu'à celui de la société et des mœurs allait souffler, qui ouvrirait grand la porte au règne de l'individualisme et du consommateur-roi. Insensiblement, sans faire de bruit, la philosophie du "se faire plaisir et penser d'abord à soi" s'imposait et allait gagner tous les milieux. [p.139]
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