La bataille d'Essling (1809) par Fernand Cormon |
Balzac s'était promis d'écrire cette bataille napoléonienne, ses trop nombreux projets l'en ont empêché:
"Là j'entreprends de vous initier à toutes les horreurs, à toutes les beautés d'un champ de bataille; ma bataille, c'est Essling. Essling avec toutes ses conséquences. Il faut que, dans son fauteuil, un homme froid voie la campagne, les accidents de terrain, les masses d'hommes, les événements stratégiques, le Danube,... ; vous lirez à travers la fumée, et, le livre fermé, vous devez avoir tout vu intuitivement et vous rappeler la bataille comme si vous y aviez assisté."
Au départ peu intéressé par les romans historiques, encore moins par les expéditions guerrières impériales de Bonaparte, ce livre n'avait aucune chance de me satisfaire. Néanmoins j'étais curieux de ce qu'étaient ces batailles-là, avec des chevaux, des sabres et des boulets. L'auteur s'appuie sur une multitude de sources historiques (décrites en appendice du roman) pour dresser le vaste tableau de cette empoignade de trente heures. Il fait revivre devant nos yeux Napoléon et ses généraux, grognards et uhlans, uniformes, couleurs et horreurs, mais aussi quelques célébrités telles que l'étonnant peintre et alors colonel Louis François Lejeune, ainsi que le tiède soldat Henri Beyle, pas encore Stendhal. La part de fiction semble limitée; je cite Rambaud dans ses notes :
"Un roman historique, c'est la mise en scène de faits réels. Pour cela, à côté des maréchaux et de l'Empereur, j'ai dû placer des personnages imaginaires; ces derniers participent au rythme et aident à la reconstitution. J'ai inventé le moins possible, mais il fallait souvent partir d'une indication ou d'une phrase pour développer une scène entière.
Un historien, disait Alexandre Dumas, défend son point de vue et choisit les héros qui servent sa démonstration. Il ajoutait que seul le romancier est impartial : il ne juge pas, il montre."
La bataille d'Essling (45.000 morts) est le match nul qui a précédé de presque deux mois la victoire française de Wagram sur les Autrichiens. Napoléon y a été contraint de se replier suite aux difficultés pour amener des renforts par les ponts jetés sur le Danube.
Le roman a obtenu en 1987 le Prix Goncourt et le Grand Prix du roman de l'Académie française. Un beau travail de reconstitution.
Le bivouac d'Austerlitz par Louis François Lejeune |
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