Rythme sans fin - Robert Delaunay |
Le soleil pouvait bien se rouler dans le blé comme un perdu, le ciel filer un bleu sans couture, le vieux tambour de la terre résonner comme un neuf: pour moi, le fond de l'air était triste. Triste comme un proviseur, une cour de collège et le tilleul au milieu dans son collier de fer, qui s'en va feuille à feuille; comme le village qu'on quitte, l'odeur du café, les cris des joueurs de cartes quand Julos par Dieu sait quel tour de passe-passe d'une seule main gagne pour la troisième fois la partie; triste comme les soldats de plomb pêle-mêle dans la boîte à chaussures au-dessus de l'armoire et le lapin replet au fond de son clapier obscur, d'avance résigné au four dominical; triste comme tout, rien, cet été au bord de la route parce que le cœur tout à coup clapote dans les larmes.
Guy Goffette - Un été autour du cou
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