On supposait, pour ainsi dire à l'avance, qu'un Américain ne pouvait pas posséder l'aficiõn. Peut-être la simulait-il avec l'excitation, mais il ne pouvait pas réellement la posséder. Quand ils voyaient que j'avais l'aficiõn (et, pour s'en rendre compte, il n'y avait pas de mot de passe, pas de questions préparées d'avance, c'était plutôt une sorte d'examen oral dont les questions, toujours un peu sur la défensive, n'étaient jamais apparentes), c'était alors la même façon embarrassée de me mettre la main sur l'épaule, ou simplement un « buen hombre ». Mais, presque toujours, il y avait contact physique. On aurait dit qu'ils avaient besoin de toucher pour acquérir la certitude.
Montoya pouvait pardonner n'importe quoi à un torero qui avait l'aficiõn. Il pouvait pardonner les attaques de nerfs, la panique, les fautes inexplicables, toutes sortes de manquements. À celui qui possédait l'aficiõn, il pardonnait tout. Il me pardonna tout de suite tous mes amis. Sans qu'il l'ait jamais dit, il les considérait simplement comme quelque chose d'un peu honteux entre nous, comme l'éventrement des chevaux dans les courses.
Le soleil se lève aussi - Ernest Hemingway
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