6 janvier 2014

Réalités parallèles

Ainsi, comme le veut le bon sens, il n’y aurait qu’un seul univers. Mais tellement de manières de le percevoir qu’il se scinderait en autant d’images mentales qu’en pourraient construire toutes les consciences susceptibles de réfléchir le monde selon l’appareillage variable dont elles sont dotées avec la panoplie de leurs sens. Un univers par espèce. Se dépliant dans toutes sortes de dimensions en fonction des instruments anatomiquement mis au service de chaque catégorie de créatures pour en explorer les lointains et en toucher les limites : si bien que le visible, l’audible, ce qui peut être senti ou touché varieraient ainsi, déterminant différemment cette poche de perceptions que chaque espèce produit autour d’elle, enfermée dans sa propre bulle qu’elle confond avec l’univers. Avec, en conséquence, dans un seul espace partagé, autant de temporalités distinctes. De telle sorte qu’il n’y aurait pas lieu de se mettre en peine d’une théorie plus compliquée pour accréditer la thèse des réalités parallèles.

Philippe Forest - Le chat de Schrödinger

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