Nous sommes la génération civilisée n° 500 environ, en partant de l'époque où nous nous sommes fixés, il y a de cela 10 000 ans. Nous sommes la génération d'homo sapiens n° 7500, en partant de l'époque où nous sommes probablement apparus, il y a de cela 150 000 ans. Et nous sommes la génération d'humains n° 125 000, en partant des premières espèces d'hominiens. Et cependant, comment pourrions-nous nous considérer comme une simple troupe de remplaçants intérimaires d'un spectacle à l'affiche depuis des lustres quand dans le ciel un nouvel arrivage d'oisillons vole en chantant et que passent de nouveaux nuages ? Des hyènes aux bactéries, les êtres vivants se chargent d'évacuer les morts comme les machinistes escamotent les accessoires entre les scènes.
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[...] ...si j'en crois mes lectures, aucun théologien n'a jamais prétendu que Dieu s'intéressait particulièrement à la religion.
Annie Dillard - Au présent
© Jérôme Guillaumot |
Ce parallèle est surprenant...jouons-nous une pièce écrite à l'avance?
RépondreSupprimerPeut-être, mais comptons sur les oisillons pour renouveler l'affiche.
Je n'ai jamais rien lu d'elle, mais votre billet précédent et les commentaires m'y incitent vivement.
Ce dimanche nous surprendra-t-il?
Il arrive même que les jours de semaine me surprennent.... ce qui me donne l'impression que rien n'est écrit à l'avance et que, peut-être nous avons un «rôle déterminant à jouer»...
SupprimerBon dimanche !
"...si j'en crois mes lectures, aucun théologien n'a jamais prétendu que Dieu s'intéressait particulièrement à la religion."
RépondreSupprimerComment ne pas apprécier...!
Un phrase d'auteur, vraiment !
SupprimerC'est la phrase reprise par Pascale qui me frappe le plus dans cet extrait, il y a matière à réflexion.
RépondreSupprimerJe voulais la citer seule, car en fin de compte, elle n'est pas liée à l'extrait qui précède et se trouve à un tout autre endroit du livre.
SupprimerLorsque je rencontre de telles phrases, je les poste pour essayer de solliciter une réflexion que chacun mènera à sa guise, ici ou intérieurement. J'espère surtout que cette réflexion, difficile parfois, débouchera sur un éclairement, quel qu'il soit, pour chacun chacune.
Rien à voir avec le moustique qui lui nous vient inchangé du tertiaire et peut-être même plus, combien de générations en comptant une grosse semaine de vie par individu ?...
RépondreSupprimerLa généalogie du moustique s'avère nettement plus compliquée que ma nôtre. Les puces (d'ordinateur) s'affolent.
Supprimer;)
Content de vous retrouver ici Jeanmi, je croyais vous avoir perdu en migrant.
Oserais-je, malgré la deuxième citation, revenir au Sermon sur la mort de Bossuet ? Oui, extrait :
RépondreSupprimer"Qu'est-ce donc que ma substance, ô grand Dieu ? J'entre dans la vie pour en sortir bientôt ; je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître. Tout nous appelle à la mort : la nature, presque envieuse du bien qu'elle nous a fait, nous déclare souvent et nous fait signifier qu'elle ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu'elle nous prête, qui ne doit pas demeurer dans les mêmes mains, et qui doit être éternellement dans le commerce : elle en a besoin pour d'autres formes, elle la redemande pour d'autres ouvrages. Cette recrue continuelle du genre humain, je veux dire les enfants qui naissent, à mesure qu' ils croissent et qu' ils s'avancent, semblent nous pousser de l'épaule, et nous dire : retirez-vous, c' est maintenant notre tour. Ainsi, comme nous en voyons passer d'autres devant nous, d'autres nous verront passer, qui doivent à leurs successeurs le même spectacle. ô Dieu ! Encore une fois, qu'est-ce que de nous ? Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas ! Si je la retourne en arrière, quelle suite effroyable où je ne suis plus ! Et que j'occupe peu de place dans cet abîme immense du temps ! Je ne suis rien : un si petit intervalle n'est pas capable de me distinguer du néant ; on ne m'a envoyé que pour faire nombre ; encore n'avait-on que faire de moi, et la pièce n'en aurait pas été moins jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre."
Voilà un extrait qui illustre merveilleusement ce qui a été dit à propos de ce livre, de ce sujet, de ces questions éternelles sur notre finitude et notre insignifiance à l'échelle cosmique.
Supprimer"...un si petit intervalle n'est pas capable de me distinguer du néant" et pourtant ce n'est pas... rien.
Merci beaucoup Tania.