Je songeai à la guerre de mon grand-père. Au fait qu'ils avaient des destinations et des buts à l'époque. Nous, le lendemain, nous marcherions sous un soleil qui se lèverait à peine à l'est au-dessus des plaines pour retourner dans cette ville qui avait déjà livré bataille : une lente et sanglante parade automnale qui marquerait le changement de saison. Nous les chasserions. Ils nous tireraient dessus, certains d'entre nous perdraient leurs membres, ils fuiraient en courant à travers les collines et les oueds pour se réfugier dans les ruelles poussiéreuses de leurs villages. Et ils reviendraient, et nous recommencerions depuis le début en les saluant tandis qu'ils s'adosseraient aux lampadaires, se tiendraient sous des auvents verts en buvant du thé devant la devanture de leurs boutiques. Nous patrouillerions dans les rues et lancerions des bonbons aux enfants qu'il nous faudrait combattre quelques années plus tard.
« Peut-être que ça va devenir un truc annuel », lança Murph acerbe.
Le cauchemar des combats sans fin, quand le but, le sens échappent aux hommes...
RépondreSupprimerMagnifique photo pour illustrer ce passage, elle est de vous ?
Non, je regrette qu'elle ne soit pas de moi, j'ai oublié la photographie ces derniers temps, juste quelques photos animalières que je n'ai pas encore exploitées. Je n'ai pu non plus trouver l'auteur de l'image.
SupprimerBonne journée Tania.
Une guerre est-elle plus supportable quand elle a "destinations et buts"? Sans doute, oui.
RépondreSupprimerEn tout cas, dans le monde, des "ennemis" égorgent, violent tous les jours...un "truc anuel".
L'horreur.
Bonne journée Christian.
Tant qu'à combattre autant avoir l'impression d'avancer. Cette guerre-là leur donnait l'impression de toujours recommencer la même chose. Et donc, d'encore moins servir à quoi que ce soit. Pour autant qu'une guerre soit jamais utile, bien sûr....
SupprimerBonne journée Colette.
... relire cet extrait me rappelle un très beau et dur roman vietnamien sur la guerre, "Le chagrin de la guerre" de Bao Ninh, lu il y a peut-être 20 ans, mais il m'a profondément marquée...
RépondreSupprimerJe ne connais pas ce récit du Viet Nam. Il est certainement d'un grand intérêt puisqu'on ne dispose pas de beaucoup de témoignages vus du côté des communistes. Ce qui ne gâte rien, il a reçu l'éloge des critiques littéraires.
SupprimerMerci de m'avoir mis sur sa piste.
Il y a également "Terre des oublis" de Duong Thu Huong, un chef-d'œuvre. Plus récent et en poche.
RépondreSupprimerJe vois qu'elle a flirté avec le Femina, plus prolifique que Bao Ninh.
SupprimerJe connais peu la littérature asiatique. Merci de me conseiller. J'essaierai de trouver ces livres.
Bonne soirée Pascale.
Aux vues des résultats, on se demande toujours "pourquoi ont-ils fait la guerre ?" Puis inconscients des réponses, nous en faisons une autre...
RépondreSupprimerSachant que le pourquoi officiel de cette guerre n'est pas acceptable, demandons-nous quelle raison le serait.
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