(Le texte en vert correspond à des citations en italique du texte original)
Plombé par sa vieille réputation d'amateurisme, le plus chimérique des Parisiens peine encore à convaincre son cadet de sa radicale implication artistique. Comme si Cocteau le soupçonnait de parfaire un cérémonial plus qu'une œuvre et qu'il était moins un auteur qu'une bête de foire, un poulpe dans un aquarium glauque...
Quand Cocteau lui avoue avoir été saccagé d'amour à la lecture des Éblouissements d'Anna de Noailles, au terme de sa brève scolarité, Proust mesure l'émotion que son propre livre n'arrive pas à susciter en lui. En s'entendant demander une lettre pour cette femme qu'il a lui-même tant admirée, il se voit confirmer qu'il n'est pas le héros littéraire de son cadet. Pourtant, il se fait une dernière fois l'agent d'un rapprochement dont il a des raisons de penser qu'il en sera le premier meurtri...
Plombé par sa vieille réputation d'amateurisme, le plus chimérique des Parisiens peine encore à convaincre son cadet de sa radicale implication artistique. Comme si Cocteau le soupçonnait de parfaire un cérémonial plus qu'une œuvre et qu'il était moins un auteur qu'une bête de foire, un poulpe dans un aquarium glauque...
Quand Cocteau lui avoue avoir été saccagé d'amour à la lecture des Éblouissements d'Anna de Noailles, au terme de sa brève scolarité, Proust mesure l'émotion que son propre livre n'arrive pas à susciter en lui. En s'entendant demander une lettre pour cette femme qu'il a lui-même tant admirée, il se voit confirmer qu'il n'est pas le héros littéraire de son cadet. Pourtant, il se fait une dernière fois l'agent d'un rapprochement dont il a des raisons de penser qu'il en sera le premier meurtri...
«Un ton froid où par discrétion vous ne lui diriez que le quart de ce que vous pensez et qui eût peut-être paru du meilleur goût à M. de Sacy[*], ne la toucherait pas», prévient-il Cocteau, après avoir lui-même passé, sans grand succès, trois ans à célébrer la poétesse, à la lumière de laquelle il disait pourtant avoir appris à écrire. Fort de son savoir, Cocteau parvient à lever d'emblée les réticences de cette toute petite femme à la peau d'ivoire. Sortant de son mutisme extasié, Anne de Noailles envoie au jeune auteur de vingt-deux ans quelques vers de son cru, calligraphiés à l'encre violette. Frappant à la porte de la rue Scheffer pour lui crier son admiration, Cocteau lui offre tous les éloges que Proust rêve de susciter, et désespérera longtemps de recevoir.
Claude Arnaud - Proust contre Cocteau
Caricature par Sem |
[*] Directeur janséniste des religieuses de Port-Royal, sous Louis XIV.
j'avais lu dans le livre de Jérôme Prieur Proust Fantôme que c'était son amie Anna de Nouilles qui l'avait poussé à couvrir de liège les murs de sa chambre et à faire moultes fumigations !!
RépondreSupprimerJe ne sais pas cette anecdote. Je crois que Anna de Noailles était une bonne poétesse qui a marqué son temps, mais les caprices et extravagances de ces artistes ont de quoi nous sidérer.
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