"Dans l'Angleterre médiévale, le roi payait ses factures avec des bâtons en bois de noisetier. On faisait des entailles d'un côté pour indiquer le montant dû, puis on les fendait en deux de manière à ce qu'une moitié puisse être authentifiée grâce à l'autre moitié. Ces «bâtons de comptage» n'étaient en réalité qu'une promesse du roi, une reconnaissance de dette. Les gens les acceptaient de plein gré, car ils savaient qu'ils pourraient s'en servir pour payer leurs impôts. Ces bâtons furent en usage dans de nombreux pays jusqu'au XIXè siècle. [...].
De nos jours, presque tout l'argent n'existe que sur support numérique dans nos comptes en banque. Mais l'argent déposé n'est pas à nous. Tout comme les bâtons du roi, il s'agit d'une promesse de paiement, qui émane cette fois des banques. Quand le système bancaire autorise plus de prêts, il crée d'autres promesses de paiement et augmente donc la quantité d'argent. Si l'on crée trop d'argent par rapport au volume des échanges et des investissements qui ont cours dans l'économie, l'argent perd de sa valeur. Mais si l'on en crée trop peu, les investissements diminuent et le chômage augmente. Ainsi, la forme que prend l'argent est sans importance. Ce qui compte, c'est la quantité d'argent en circulation et le niveau de confiance en sa valeur. Ce qui pousse dans les arbres n'inspirerait pas beaucoup de confiance. Comme l'historien Niall Ferguson l'a si bien dit : «La monnaie n'est pas du métal. C'est la confiance gravée.»"
© Philippe de la Fuente |
Ah mais oui! Vous avez sûrement entendu parler de ces monnaies locales dont on parle dans le film Demain, par exemple?
RépondreSupprimerRécemment j'ai relu les souvenirs de Hampaté Bâ, une Afrique où circulaient encore les cauris. Et pourquoi pas?
J'espère que vous avez lu mon billet après correction d'une ou deux coquilles.
SupprimerAh oui les coquillages : peu importe la forme, c'est une affaire de confiance...
Je crains que les excès actuels du capitalisme, dont s'accommodent les responsables politiques qui semblent ne plus pouvoir ou vouloir les contrer, débouchent sur des lendemains qui déchantent pour la plupart des gens. C'est un sujet qui me met en colère, je m'abstiendrai.
RépondreSupprimerAveu d'impuissance devant des lendemains désenchantés. Le monde a toujours éte mené par les puissances de l'argent, mais jamais de manière aussi criante.
SupprimerCriante et revendiquée ouvertement, ce qui n'est sans doute pas pour rien dans la montée des populismes (même si populisme devient un mot utilisé à propos de tout et n'importe quoi).
RépondreSupprimerJe me demandais tout-à-l'heure, en repensant au mot de Tania – la colère, le désenchantement – si les partis extrêmes ne sont pas un passage obligé, dont l'impasse finirait pas déboucher sur un réveil et des changements positifs.
SupprimerFerguson: «La monnaie n'est pas du métal. C'est la confiance gravée.»
RépondreSupprimerCette confiance n'existe que si le système se prémunit contre le "Risque moral", domaine des spéculateurs (face je gagne, pile vous perdez). Vu le nombre de crises à répétition que nous subissons, il est clair qu'on laisse trop de liberté aux affairistes sans scrupules. L'économiste Paul Krugman l'explique simplement dans "Pourquoi les crises reviennent toujours".
J'ai eu "Pourquoi les crises reviennent toujours" entre les mains dans cette même bibliothèque de quartier où j'ai emprunté celui que j'ai chroniqué.
SupprimerKrugman : un fervent adepte du capitalisme libéral dénonce les «affairistes sans scrupules» !
Ils gagnent ou nous perdons, les dés sont pipés.
Merci d'apporter votre éclairage ici.
je ne suis pas économiste et expert en rien. Je suis comme vous j'essaie de comprendre, je combine mes recherches à partir des différents courants de pensées capitalistes et anti-capitalistes. Les premiers sont puissants et dominateurs, les médias en font en permanance la pub . Quant-aux seconds on peut les découvrir au travers d'ouvrages comme "Hémisphère gauche" de Razmig Keucheyan ou les vidéos et bouquins de Bernard Friot. Et puis il y a les blogs, comme le vôtre, qui font avancer le "schmilblick".:-)
RépondreSupprimerPas expert, mais vos conseils sont précieux et merci de me laisser espérer que ces articles servent à faire avancer un peu les choses ;-)
SupprimerDe formation scientifique – pas en économie – je profite de ma retraite pour tenter de découvrir ce que je connais peu, le plus souvent dans les livres auxquels ce blog est dédié.
Demain je publierai un billet sur quelques livres autour de l'économie, tels ceux que vous m'avez renseigné. J'ai acheté celui de G. Ardinat.
N'hésitez pas à laisser vos commentaires intéressants, c'est stimulant.
Alors là, l'histoire des bâtons gravés, je ne connaissais pas. Merci. Ah, j'aime bien apprendre des tas de choses.
RépondreSupprimerJe croyais vous avoir répondu et ne vois plus ma réponse, c'est bizarre ?!
SupprimerCette anecdote m'avait fait choisir de montrer cet extrait.
Bon dimanche, Bonheur.