Avant "De sang froid" (1965), grand succès de vente, Truman Capote avait écrit "Petit déjeuner chez Tiffany" (1958), une longue nouvelle (120 pages format poche) que le Folio n°364 propose avec trois short stories : "La maison de fleurs", "La guitare de diamant" et "Un souvenir de Noël". Elles confirment les énormes aptitudes de cet écrivain d'une grande sensibilité et élégance, que la dépendance aux drogues ont trop vite effacé du paysage littéraire. Rien n'apparaît dans ces récits du personnage loufoque, snob et excentrique de la vie publique. Au contraire, c'est délicatesse, tact et accents poétiques.
La première raconte l'histoire de Holly Golightly (le nom déjà...), rien d'une sainte, call-girl ravissante, de premier abord stupide et bornée, mais généreuse, spontanée, dotée d'un tel charisme qu'on finit par la trouver intelligente. Holly déconcerte et magnétise les hommes et les amies qui l'entourent, parterre admiratif et dévoué, parmi lesquels le narrateur homosexuel qui ressemble évidemment à Capote.
Si vous avez le souvenir du film de Blake Edwards "Diamants sur canapé" tiré de la nouvelle, avec Audrey Hepburn, oubliez-le, on imagine mal l'actrice lisse interpréter cette gosse provinciale un peu sauvage, garçon manqué à l'accent du terroir. J'emprunterais volontiers l'avis de Lincoln sur Lecture/Écriture (quatrième critique) qui voit mieux Marilyn Monroe ou Sue Lyon dans le personnage. Capote lui-même n'approuvait pas le choix : "Le roman était assez amer en réalité, déclara-t-il dans une interview accordée à Playboy, et Holly Golightly était ‘vraie’ : une dure à cuire, strictement rien à voir avec Audrey Hepburn. On a fait du film une mièvre lettre d’amour à New York et à Holly. Par conséquent, c’était un film léger et charmant alors qu’il aurait dû être pesant et déplaisant. Le film et mon travail avaient à peu près autant en commun que les Rockettes avec l’étoile Galina Ulanova [*]."
Si vous avez le souvenir du film de Blake Edwards "Diamants sur canapé" tiré de la nouvelle, avec Audrey Hepburn, oubliez-le, on imagine mal l'actrice lisse interpréter cette gosse provinciale un peu sauvage, garçon manqué à l'accent du terroir. J'emprunterais volontiers l'avis de Lincoln sur Lecture/Écriture (quatrième critique) qui voit mieux Marilyn Monroe ou Sue Lyon dans le personnage. Capote lui-même n'approuvait pas le choix : "Le roman était assez amer en réalité, déclara-t-il dans une interview accordée à Playboy, et Holly Golightly était ‘vraie’ : une dure à cuire, strictement rien à voir avec Audrey Hepburn. On a fait du film une mièvre lettre d’amour à New York et à Holly. Par conséquent, c’était un film léger et charmant alors qu’il aurait dû être pesant et déplaisant. Le film et mon travail avaient à peu près autant en commun que les Rockettes avec l’étoile Galina Ulanova [*]."
"Petit déjeuner chez Tiffany" n'est pas une histoire légère et frivole, son héroïne tente d'oublier un passé tragique et veut réinventer une vie, à n'importe quel prix. Capote se serait inspiré, pour créer Holly, de sa mère, "belle du Sud intéressée et volage" et de Babe Paley , icône de la mode new-yorkaise. qui "n’avait que sa somptueuse garde-robe comme paravent à son chagrin" (Les Inrocks). Il y avait pour ces filles débarquées de la campagne une volonté de liberté et de changement de classe sociale. Sous les larges chapeaux et les lunettes noires, se faire croire au rêve.
J'ai particulièrement apprécié le portrait du narrateur qui se dessine en creux derrière la narration neutre : sans volonté d'introspection explicite, on devine un homme émotif, attendri, amoureux, désespéré à certains moments, une manière de tout dire sans dire, à la Hemingway. On voit le type, c'est vraiment très bon.
ah pour une fois je ne connais que le film ! A découvrir donc
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu le film, mais il semble très différent du livre.
SupprimerJ'ai noté que vous lisiez quand même parfois des nouvelles (Balzac), je trouve celles de Capote très réussies.
J'espère poursuivre avec un autre recueil, "Musique pour caméleons".
Comme Dominique, je connais le film, un souvenir assez 'léger'.
RépondreSupprimerLa nouvelle n'est pas légère, à moins de mal la lire.
SupprimerJe connais le film bien sûr et j'en garde un souvenir très léger. Je l'ai suffisamment oublié pour me lancer dans les nouvelles sans a priori.
RépondreSupprimerBonne lecture si vous rencontrez l'histoire de Holly !
SupprimerVoilà qui me tente. Je garde un bon souvenir de "La traversée de l'été" où Capote montre aussi cette délicatesse, ces qualités dont vous parlez bien.
RépondreSupprimerJe garde en mémoire "La traversée de l'été" pour une prochaine visite en bibliothèque. Merci !
SupprimerCet auteur est encore à découvrir pour moi, donc pourquoi pad commencer par cette nouvelle?
RépondreSupprimerIl y a bien entendu "De sang froid", mais il s'agit d'une longue enquête (+ de 500 pages en Folio) très humaine sur un fait criminel réel. Pour ma part, j'ai commandé le recueil de nouvelles "Musique pour caméléons" et "La traversée de l'été".
SupprimerJe n'ai aps vu le film et je garde un vague souvenir de mes lectures de Capote ( j'ai lu la traversée de l'été, Prières exaucées, Musique pour un caméléon...) mais j'avais beaucoup aimé son écriture, très fine, très caustique etc... notamment dans "cercueil sur mesure". Il me reste de sang froid à lire...
RépondreSupprimerCe dernier est très différent des short stories !
SupprimerEt bien moi je ne connais ni le film ni le livre, mais il me tente fort, vous en parlez bien.
RépondreSupprimerÀ lire cet été, à l'ombre, merci!
Ah oui, les grosses chaleurs approchent là-bas et l'ombre est salutaire. Bonnes lectures, Colette.
SupprimerBonsoir Christw, j'ai tellement adoré le film que je n'ai pas eu envie de lire la nouvelle pourtant courte. Mais je changerai d'avis un jours sûrement. Bonne soirée.
RépondreSupprimerAh c'est à vous de voir, Dasola, il y a toujours un décalage, parfois désagréable, à passer du livre au film et vice-versa.
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