Que l'ombre la garde [Marthe] encore un peu dans son rêve qui flotte et la berce comme une eau, Pierre dans sa cuisine prépare le café. Il aime ce moment où le jour se décide à sauter la barre de la nuit, si près du silence qu'on entendrait son souffle en se penchant à la fenêtre. Il aime cette attente et ce geste de verser l'eau bouillante, tandis que l'eau du temps coule sur les toits où seuls encore, tels des cris de coqs, percent les cous rouges des cheminées. Le café passe lentement, noir comme un coup de poing : la nuit est morte.
Guy Goffette - Elle, par bonheur, et toujours nue
J'ai commencé le livre de Guy Goffette et je l'ai abandonné ; il y a des moments où l'on sent que l'on n'est pas disponible à une histoire. Je me promets de le reprendre un jour.
RépondreSupprimerC'est sain de voir les choses comme cela, beaucoup de livres ont leur moment propice.
SupprimerJ'ai entendu Guy Goffette à la radio hier, dans l'émission "La Compagnie des auteurs". Cela donnait envie de le lire, alors qu'il parlait de quelqu'un d'autre... Il a eu une enfance difficile cet homme !
RépondreSupprimerJ'aurais aimé l'entendre à la radio. Finalement, je connais plusieurs de ses livres mais sais peu de la vie de ce Gaumais.
SupprimerGoffette, un auteur dont j'aime beaucoup les poèmes; je n'ai jamais lu de prose de lui mais cet extrait est beau! (tout comme la couverture du livre!)
RépondreSupprimerBon week-end Christian.
Les proses de Goffette sont poétiques, n'en doutez pas.
SupprimerOn parle peu des couvertures de livres, elles ont un rôle commercial d'abord, c'est certain, mais il me semble que certaines président à la lecture comme un chef donne le "la" :-)
j'ai lu ce livre et je ne l'ai pas apprécié , je n'ai pas compris pourquoi cet auteur cherchait tant à dévoiler l'intimité de ce couple qui ne voulait rester discret.
RépondreSupprimerj'ai lu le livre de Françoise Cloarec pas l'autre qui est peut-être meilleur?
RépondreSupprimerGoffette est un poète et n'essaie pas d'élucider les dessous du couple Pierre-Marthe. Il se contente de souligner ce qui a affecté Bonnard. C'est un bon texte, inspiré comme toujours chez l'auteur.
SupprimerJe n'ai jamais rien lu de Goffette. Je lirais plutôt volontiers le livre de Françoise Cloarec sur Marthe Bonnard.
RépondreSupprimerMerci pour votre passage sur mon blog et pour votre commentaire particulièrement intéressant.
Bonne soirée.
Je serai curieux de votre avis sur le livre de F. Cloarec, si vous décidez de le lire. Marthe Bonnard est un être mystérieux.
SupprimerBonne soirée.
La peinture de Bonnard est comme celle de Vermeer, "intimiste" par "des effets de dissimulation ambigus." L'artiste, comme disait le critique d'art Daniel Arasse, a une "tendance à mettre des obstacles entre le spectateur et le sujet principal", qui «gêne le libre parcours visuel en profondeur.» La Dentellière (1670) : «Tout est organisé pour que le spectateur ne voie rien de ce que fait la dentellière.» (Arasse, L’ambition de Vermeer, 2001)
RépondreSupprimerC'est très utile ce que vous dites, et cela ma ramène à plusieurs peintures où Pierre Bonnard a mis Marthe en scène. Goffette les souligne pour ce qu'elles représentent dans l'histoire intime du couple : je les ai retrouvées sur internet et tout y semble organisé, en effet, pour que l'on ne voie pas directement l'objet principal du tableau.
SupprimerJe ne suis pas du tout un connaisseur, mais le livre de Goffette m'a mené vers une découverte plus approfondie du travail du peintre et vos indications les enrichissent.
Je ne savais pas que le livre de Geoffette parlait de cette femme. Bonnard est un peintre que j'aime beaucoup mais je n'ai encore lu aucune monographie sur sa peinture, ses sources etc... Une chronique bientôt ?
RépondreSupprimerJe ne pense pas faire une chronique prochainement de ce livre, j'ai laissé trop de temps s'écouler depuis sa lecture. En suivant le lien sur le mot "Hommage", vous en trouverez une. Il y en a certainement d'autres.
SupprimerIl ne s'agit pas d'une biographie habituelle, le style de Goffette est poétique, elliptique.
J'ai aimé le livre de Goffette sur Bonnard, l'enquête sur son couple m'intéresse moins a priori. Il y a un très beau nu de Marthe aux Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles. Je recommande la visite du musée Bonnard au Cannet, qui vaut le détour pour ceux qui aiment ce "peintre du bonheur".
RépondreSupprimerMerci pour ces précisions, je suppose que le nu à Bruxelles est celui de la couverture du livre. Bonnard, les couleurs du bonheur, oui.
SupprimerGrâce à ce récit, j'ai pu découvrir le "sens" de certaines toiles du peintre. J'ai vu «ce que cette peinture a d’inapaisé, et possède de sourde violence sous son hédonisme confortable» pour reprendre les termes du site "Moderne" (Le Monde).
Voir http://motsdits.blog.lemonde.fr/2012/02/22/86/