"Le climat actuel qui accaparait ce mois de mars était le signe avant-coureur d'accalmie, dans les ultimes manifestations de l'hiver, ainsi que la trêve dans la période de chasse.
En matinée, les pans de brouillard s'extirpaient des bas-fonds, ils venaient humecter les rémiges superposées du plumage des cèdres, alors qu'en fin de journée, le vent faiblissait, les nuages s'emplissaient comme du bois de flottage. Ils enflaient, boursouflés, pleins de grandiloquence puis, d'un coup, se rétrécissaient en une sorte de pâte à modeler, pour ne plus former qu'une torchère jaune qui brûlait, se consumait encore, pendant que le ciel s'apprêtait pour la nuit. Les animaux abattus revenaient hanter la forêt plongée dans la pénombre de même qu'ils s'approchaient du sommeil des chasseurs écroulés dans leur lit. Ils se montraient silencieux mais leur regard retentissait sur eux tel un cri. Les bois n'aiment pas recevoir des coups de fusil. Un jour, ils finiront par riposter."
André Bucher - "La vallée seule"
Cet écrivain est paysan et bûcheron dans la vallée du Jabron (Drôme). La nature est au cœur de ses récits, son écriture baigne dans les grands espaces, à l'instar des écrivains des terres sauvages (London, Harrison,...), des Amérindiens (Louise Erdrich, James Welch,....), marquée par une poésie surréaliste (Kawabata ou Bashô). Dans la vallée, vous croiserez des êtres solidaires qui prennent soin les uns des autres, auréolés d'une magie délicate, parfois mélancolique. L'ombre d'un vieux cerf libre et mythique hante ces pages, tel le lien organique qui appelle les habitants à tenir bon. Solitudes rudes, songes fantasmagoriques au rythme du blues et des saisons, l'envie d'y vivre.
En matinée, les pans de brouillard s'extirpaient des bas-fonds, ils venaient humecter les rémiges superposées du plumage des cèdres, alors qu'en fin de journée, le vent faiblissait, les nuages s'emplissaient comme du bois de flottage. Ils enflaient, boursouflés, pleins de grandiloquence puis, d'un coup, se rétrécissaient en une sorte de pâte à modeler, pour ne plus former qu'une torchère jaune qui brûlait, se consumait encore, pendant que le ciel s'apprêtait pour la nuit. Les animaux abattus revenaient hanter la forêt plongée dans la pénombre de même qu'ils s'approchaient du sommeil des chasseurs écroulés dans leur lit. Ils se montraient silencieux mais leur regard retentissait sur eux tel un cri. Les bois n'aiment pas recevoir des coups de fusil. Un jour, ils finiront par riposter."
André Bucher - "La vallée seule"
Cet écrivain est paysan et bûcheron dans la vallée du Jabron (Drôme). La nature est au cœur de ses récits, son écriture baigne dans les grands espaces, à l'instar des écrivains des terres sauvages (London, Harrison,...), des Amérindiens (Louise Erdrich, James Welch,....), marquée par une poésie surréaliste (Kawabata ou Bashô). Dans la vallée, vous croiserez des êtres solidaires qui prennent soin les uns des autres, auréolés d'une magie délicate, parfois mélancolique. L'ombre d'un vieux cerf libre et mythique hante ces pages, tel le lien organique qui appelle les habitants à tenir bon. Solitudes rudes, songes fantasmagoriques au rythme du blues et des saisons, l'envie d'y vivre.
Voir biographie et articles sur "Calou"
À paraître en septembre : "Un court instant de gràce"
Paysage de la Drôme (Montfroc), ferme d'André Bucher ( vidéo) |
merci pour ces liens, vous m'avez appâté avec Trassard et j'ai trouvé d'occasion quelques livres non lus que je vais garder pour lire quand les romans ne m'attirent plus ou quand Faulkner se fera trop dur
RépondreSupprimerQuelle chance, trouver des livres d'occasion de Trassard (sur internet sans doute) ! Bonne idée.
SupprimerFaulkner : malgré que je commence à bien connaître le gaillard, il reste difficile. Ainsi dans "L'intrus", certains passages plus polémiques sont ardus, je m'en expliquerai dan un billet plus tard, peut-être. Bleikasten lui-même reconnaît que l'auteur s'y est un peu perdu, de sorte que le livre qui est excellent hormis les divagations d'un personnage, est raté d'une certaine manière.
D'André Bucher, je n'ai lu que "Déneiger le ciel" qui m'a laissé un souvenir durable. Il me semble qu'il a sorti un livre récemment.
RépondreSupprimerJe crois que deux anciens récits sortent en poche (S Wespieser) récemment : "Le pays qui vient de loin" en 2017 et en ce mois de mai, on a "Pays à vendre".
Supprimer"Déneiger le ciel" : on retrouve tout Bucher dans ce titre.
Je ne peux que vous inciter à lire André Bûcher, merveilleux conteur ! Un nouveau roman va sortir en septembre chez son éditeur marseillais Le mot et le reste. Hâte ! Et merci pour le lien, Christian.
RépondreSupprimerAh voilà une réponse à l'interrogation d'Aifelle, un nouveau livre en septembre. Merci Pascale.
SupprimerUn court instant de grâce, André Bucher, Le mot et le reste, septembre 2018
SupprimerAvec la complicité des saisons et des éléments qui ne comptent pas se plier aux règles que les hommes croient leur imposer, Émilie s’occupe tant bien que mal d’une terre qui se mérite, dernière gardienne des lieux depuis la mort de son mari et le départ de son fils. Ce quotidien solitaire bascule avec le retour providentiel de son amour d’enfance, Victor, et l’arrivée d’entrepreneurs bien décidés à décimer la forêt environnante pour nourrir un gargantuesque projet de centrale à biomasse ironiquement loué comme écologique. S’ensuivra une lutte, un réveil de la vallée et de ses protagonistes qui se pensaient endormis, entre intérêts politiques, prises de conscience, paresse intellectuelle et résistances acharnées. Chacune et chacun jouera son rôle et donnera au récit sa force, à l’image de l’indomptable montagne de Palle qui domine les lieux et tire sa beauté de ses contrastes.
https://lemotetlereste.com/litteratures/uncourtinstantdegrace/
Merci Benoît, j'ajoute l'information au billet. Et un lien vers la bande-annonce de la vidėo.
SupprimerIl me semble en avoir l u un, et je me promets d'y revenir, à cet auteur; c'est vrai, pourquoi toujours traverser l'Amérique pour les espaces et la nature? ^_^ (j'avoue le faire, bien sûr)
RépondreSupprimerQuand à Trassard, ma bibli en possède plusieurs, j'en ai lu un, Le traquet motteux je crois. Y revenir.
Les espaces de la nature d'ici me plaisent dans les livres, mais les espaces américains ne me rappellent pas de moments vécus, me procurent moins d'émotions, je n'y suis jamais allé. Je fonctionne un peu comme cela en "nature reading", il y a de préférence au départ un "paysage personnel".
SupprimerJe vois que nous partageons des lectures bien semblables... Je note cet auteur. Quel bel extrait que celui que vous nous proposez !
RépondreSupprimerAh oui, je viens d'aller sur "Le bruit des pages", vous êtes aussi en nature montagneuse... À bientôt Annie.
SupprimerBien sûr, je note ce titre ! Merci. Bonne journée.
RépondreSupprimerMerci de m'avoir parlé de ce roman et de cet auteur.
RépondreSupprimerVous l'avez donc un peu lu depuis votre mot précédent ? Tant mieux si vous avez apprécié.
Supprimerun ben joli billet, et en bonne compagnie! à découvrir donc!
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