Le musée Condé à Chantilly conserve 1400 photographies de la seconde moitié du XIXe siècle. L'ensemble provient d'Henri d'Orléans, duc d'Aumale, cinquième fils du roi Louis-Philippe. Le duc est de la génération qui a vu l'essor de la photographie, il est né quelques années après les premiers essais de Nicéphore Niépce. La collection qu'il a léguée, du daguerréotype au premier cliché en couleurs, est représentative de la photographie de son temps, avec les œuvres de pionniers tels Baldus ou Le Gray, jusqu'au tournant du siècle avec la photographie industrielle. C'est aussi le reflet de la personnalité de cet homme qui est peut-être le plus grand collectionneur de ce siècle et dont l'on ne possède guère d'autre témoignage personnel.
Le Livre des Éditions Faton [que je remercie pour l'envoi, ainsi que Babelio] s'apparente à un catalogue illustré, aux très beaux tons sépia sur papier légèrement satiné, d'une sélection variée de ces premières photographies. Elles ont été exposées (Le Parisien) fin 2018, dans le cabinet d'arts graphiques du château de Chantilly, sous la direction du conservateur général du patrimoine au musée, Madame Garnier. On trouve des portraits, des paysages de Suisse, des vues du Paris de Napoléon III et des reproductions d'œuvres d'art comme la Joconde.
Dans la brève chronologie, on note qu'en 1862, Ingres et d'autres artistes signent une pétition contre l'assimilation de la photographie à l'art.
Les marines de Gustave Le Gray (papier salé ciré albuminisé à partir de négatif(s) verre) sont particulièrement impressionnantes, elles firent sensation à Londres en 1856. Les effets de ciel n'étaient pas bien rendus à cause de la différence de temps de pose nécessaire (très long à l'époque) pour le ciel très lumineux et le reste de l'image, difficulté que tout un chacun qui fait de la photo de paysage connaît et que nos appareils et techniques modernes contournent plus aisément.
À propos de la belle image de couverture, le brick sous la lune, voici une des (rares) explications techniques du livre:
Le Livre des Éditions Faton [que je remercie pour l'envoi, ainsi que Babelio] s'apparente à un catalogue illustré, aux très beaux tons sépia sur papier légèrement satiné, d'une sélection variée de ces premières photographies. Elles ont été exposées (Le Parisien) fin 2018, dans le cabinet d'arts graphiques du château de Chantilly, sous la direction du conservateur général du patrimoine au musée, Madame Garnier. On trouve des portraits, des paysages de Suisse, des vues du Paris de Napoléon III et des reproductions d'œuvres d'art comme la Joconde.
Dans la brève chronologie, on note qu'en 1862, Ingres et d'autres artistes signent une pétition contre l'assimilation de la photographie à l'art.
Les marines de Gustave Le Gray (papier salé ciré albuminisé à partir de négatif(s) verre) sont particulièrement impressionnantes, elles firent sensation à Londres en 1856. Les effets de ciel n'étaient pas bien rendus à cause de la différence de temps de pose nécessaire (très long à l'époque) pour le ciel très lumineux et le reste de l'image, difficulté que tout un chacun qui fait de la photo de paysage connaît et que nos appareils et techniques modernes contournent plus aisément.
À propos de la belle image de couverture, le brick sous la lune, voici une des (rares) explications techniques du livre:
"C'est l'une des premières photographies de marines où l'on voit simultanément le mouvement de la mer et les nuages dans le ciel. Rendre le ciel était alors très difficile : il apparaissait brouillé et les photographes avaient recours à un subterfuge : ils peignaient le négatif verre à la gouache noire, ce qui donnait un ciel vide, complètement blanc, ou bien peignaient des nuages sur l'épreuve ou sur le négatif. Ici l'originalité de Le Gray est la technique des ciels rapportés : il juxtapose au tirage des paysages tirés de négatifs papier et des ciels tirés de négatifs verre. Opposé à la retouche des tirages, il «triche» en utilisant deux plaques pour une même marine, certaines vues existant avec ciel ou sans ciel." Ceci parlera à ceux qui ont pratiqué les tirages en chambre noire.
Le commentaire ajoute que l'avant-plan, chevaux et attelage, apportent une dimension humaine à l'évocation de l'infini.
Le commentaire ajoute que l'avant-plan, chevaux et attelage, apportent une dimension humaine à l'évocation de l'infini.
"Brick au clair de lune", 1856 - G. Le Gray (clic) |
On est ravi par la qualité de détails de ces premiers travaux ainsi que par leur bon état de conservation pour la plupart. Cet ouvrage de valeur s'inscrit dans un coffret de 7 livres "Les Carnets de Chantilly" aux Éditions Faton.
Feuilletez-le.
Feuilletez-le.
un livre qui doit être très intéressant à feuilleter, dans les romans ou dans les films ces premières photos prennent de l'importance et l'on regrette tous ceux qui auraient pus être photographier mais pour qui le coche a été raté
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas lu du début à la fin, c'est plutôt un catalogue détaillé très bien fait. Ceux qui figurent sur les photos sont des privilégiés, on trouve dans le livre la princesse Beatrice (fille de la reine Victoria) à deux ans, la famille d'Orléans, celle de la famille royale d'Angleterre en 1857 et la famille impériale d'Autriche (1831-64).
SupprimerUn livre que j'aimerais beaucoup feuilleter ! Le cliché qui illustre la couverture est splendide... Et ce ciel en particulier. Je ne connaissais absolument pas ces techniques sophistiquées. Mais quel résultat !
RépondreSupprimerJe suppose que vous l'avez fait, la photo est visible agrandie en utilisant le (clic) de la légende.
SupprimerLe principe reste le même aujourd'hui pour obtenir un beau ciel en photo, on peut photographier ce dernier séparément du sujet. Puis on combine. Il est toujours possible de placer au-dessus d'un site un ciel réussi ailleurs et à un autre moment.
Un bel album pour les amateurs que vous nous présentez. Merci aussi pour le lien qui permet de visualiser sur quelques pages ces belles vues anciennes (comme la Tour St Jacques, impressionnante) et même des natures mortes.
RépondreSupprimerCes techniques anciennes ne seront jamais plus utilisées, elles sont trop lourdes. Mais certain(e)s artistes reviennent à des méthodes non numériques qui servent leurs projets. Lorsque j'étais en club, nous avions un spécialiste de la gomme bichromatée.
SupprimerJe vous souhaite un belle fin de semaine, à bientôt Tania.