"[...] il ne s'était pas figuré que des têtes à la mode s'enflammassent pour des idées qui les fustigeaient. Il n'avait pas envisagé une seconde que la condamnation des vices, la célébration des vertus, l'éloge de l'ignorance pussent faire partie des bavardages tenus dans les dîners et des plaisanteries inventées dans les salons.
[...]. On le louait, le fêtait, le considérait avec intérêt, amusement, curiosité. Plus on s'attachait à ce qu'il avait de sincère, à ce qu'il disait de vrai, plus il se voyait contraint, piège ultime, de jouer son propre rôle. Il se trouvait ainsi acculé à représenter la vérité, à se faire Jean-Jacques, en cessant de l'être par lui-même, en le devenant pour les autres.
[...]. Car tel était bien le mécanisme du piège : pour ne pas faire semblant, il lui fallait conformer sa vie à ses propos, et son existence à la Diogène se mettait aussitôt à faire partie du spectacle.
Ainsi, plus Jean-Jacques était lui-même, plus il jouait un rôle dans la pièce à laquelle il voulait échapper."
Ainsi, plus Jean-Jacques était lui-même, plus il jouait un rôle dans la pièce à laquelle il voulait échapper."
Roger-Pol droit - "Monsieur, je ne vous aime point"
Bastien Lepage - Diogène de Sinope (1873) |
Bonjour. Je n'ai rien lu de Roger-Pol Droit. Je vais peut-être me laisser tenter par ce "Monsieur, je ne vous aime point." Roger-Pol, je ne sais pas, mais j'aime bien Jean-Jacques...:-)
RépondreSupprimerEn passant je conseille deux ouvrages intéressants sur Rousseau.
"Rousseau, citoyen du futur" par Jean paul Jouary (Philosophe)
et "Jean-Jacques Rousseau, l'avortement du capitalisme" par Yves Vargas (philosophe)
N'hésitez pas, c'est bien fait et si vous appréciez Jean-jacques, vous l'y trouverez bien plus recommandable que son rival.
SupprimerLes ouvrages que vous conseillez sont assez récents et abordables question prix, ce qui ne gâche rien. Merci, j'en prends bien note. Je gage qu'ils vont plus loin que le roman de RP Droit qui constitue une excellent tour d'horizon des idées du penseur genevois.
Un piège parfait et si fréquent : ne plus être que ce que les autres pensent que vous êtes... Pauvre Jean-Jacques !
RépondreSupprimerLui qui aimait la tranquillité...
Supprimer"se faire Jean-Jacques, en cessant de l'être par lui-même, en le devenant pour les autres", la formule est originale. Mieux vaut cela que faire le jacques.
RépondreSupprimer😊😊
SupprimerBonne soirée Tania.