Rendre hommage à sa mère en vantant la littérature populaire est l'exercice gracieux que propose Frédéric Schiffter dans un récent billet : cette dame lui conseillait les écrivains qu'elle aimait plutôt que ces philosophes qui « ne semblaient pas éveiller plus que ça la jugeote de son fils».
Dard, Sarrazin, Japrisot, Simenon, y compris les "Maigret", et toutes sortes de polars, ces livres ordinaires dédaignables par les doctes, sont de la littérature : "Même si je montrais des réticences à l’égard de cette littérature populaire à cause de l’obligation où j’étais de connaître les auteurs classiques, je trouvai des moments pour la lire. Non seulement j’en éprouvai du plaisir, mais il me vaccina contre les escroqueries modernistes telles que le Nouveau Roman, le roman expérimental et autres formalismes littéraires.", écrit le «philosophe sans qualités».
Pour moi, si je lis de moins en moins de fiction dite populaire, la satisfaction que j'y ai trouvé, que j'y trouve toujours, aide à déceler la mystification que peuvent représenter bien des livres qui ont le cachet de l'érudition.
Chez Simenon, lorsque l'inspecteur Maigret tire sur sa pipe en observant benoîtement des suspects tapant les cartes, dans un troquet de Paris ou de province, devant un demi ou un "fil-en-six", je soupire d'aise, absorbé par les senteurs bistrotières et l'indécise lumière pépère. Et si je trébuche sur l'une ou l'autre faute d'harmonie, les pages sont des amies.
Dard, Sarrazin, Japrisot, Simenon, y compris les "Maigret", et toutes sortes de polars, ces livres ordinaires dédaignables par les doctes, sont de la littérature : "Même si je montrais des réticences à l’égard de cette littérature populaire à cause de l’obligation où j’étais de connaître les auteurs classiques, je trouvai des moments pour la lire. Non seulement j’en éprouvai du plaisir, mais il me vaccina contre les escroqueries modernistes telles que le Nouveau Roman, le roman expérimental et autres formalismes littéraires.", écrit le «philosophe sans qualités».
Pour moi, si je lis de moins en moins de fiction dite populaire, la satisfaction que j'y ai trouvé, que j'y trouve toujours, aide à déceler la mystification que peuvent représenter bien des livres qui ont le cachet de l'érudition.
Chez Simenon, lorsque l'inspecteur Maigret tire sur sa pipe en observant benoîtement des suspects tapant les cartes, dans un troquet de Paris ou de province, devant un demi ou un "fil-en-six", je soupire d'aise, absorbé par les senteurs bistrotières et l'indécise lumière pépère. Et si je trébuche sur l'une ou l'autre faute d'harmonie, les pages sont des amies.
en fait peu importe la liste des livres démystificateurs, chacun peut avoir les siens, Simenon est très bon dans le rôle mais il peut y en avoir d'autres qui ne sont pas d'un niveau excellent simplement ils sont là pour rappeler que le plaisir de lecture peut tout à fait s'inscrire hors du champs savants, universitaires ou critiques officiels
RépondreSupprimerje me souviens d'un livre de Michel del Castillo qui disait avoir eu la vie sauve en lisant des romans d'aventure, sans doute de faible qualité mais qui a un moment lui ont servi de soupape de sécurité
j'ai une petite pile de ce genre de livres, Simenon, Agatha Christie mais d'autres aussi des romans doux, tendres, je n'ai pas d'illusion quant à leur valeur littéraire mais ils ont une valeur humaine et parfois c'est indispensable
J'ai choisi Simenon parce que je l'avais en tête. J'aime bien votre exemple sur Del Castillo.
SupprimerTiens, Agatha Christie, je devrais réessayer.
Les "Nouvelles romaines" de Moravia (je ne sais pas s'il faut les considérer comme de la littérature populaire) ne fut pas une lecture qui m'a sauvé la vie, mais je me rappelle un temps où j'étais allongé mal en point physiquement et mentalement et j'en lisais par à coup de quelques minutes les courts récits. J'ai toujours eu l'impression que les pages m'aidaient à en sortir. Quand je tiens ce livre en main, c'est ma remontée que je revois et je le tiens, très subjectivement, pour un moteur de résilience.
SupprimerOn a besoin de 'lectures doudous', des auteurs pas transcendants mais sachant raconter des histoires;..
RépondreSupprimerOn n'en fait pas des chroniques mais ils font du bien. Le côté "doudou", pour ma part, c'est aussi des BD de mon adolescence qui squattent régulièrement la table de chevet.
SupprimerJe suis une grande admiratrice de Simenon, dont les "Maigret". J'aime les lire, souvent les relire, les regarder (la version avec Bruno Crémer particulièrement). Il faut dire que mon père travaillait au 36 quai de Orfèvres, et que comme tous ses collègues, il fumait bien entendu la pipe !
RépondreSupprimerQuelle coïncidence amusante !
SupprimerJe ne crois pas qu'il faille parler d'admiration pour Maigret dans mon cas, mais aborder un de ces récits policiers, c'est un peu comme rentrer chez soi. L'intrigue et le dénouement importent moins que les atmosphères dans lesquelles Simenon me fait pénétrer.
Je suis moins attiré par les versions à l'écran, mais je partage votre goût, Bruno Cremer est le mieux.
J'aime aussi Bruno Crémer dans le rôle de Maigret. C'est drôle, j'ai lu énormément de ces romans policiers quand j'étais étudiante, peut-être pour compenser le jargon des études sur le nouveau roman ou le structuralisme ?
RépondreSupprimerC'est très plausible 😀
SupprimerLes formules imbuvables d'analyse et de chimie... je pense que j'aurais encore préféré des cours sur le nouveau roman...
Ceci dit, aujourd'hui, dans mes moments "studieux", j'aime m'informer sur les théories littéraires, sans me prendre la tête.
Pour moi, Simenon est un immense écrivain et il est courant que je me replonge dans un de ses romans. Peu d'écrivains de romans policiers atteignent son niveau et, globalement, peu d'écrivains de romans non plus... Ce n'est pas une question de "niveau" ; c'est qu'il avait quelque chose à dire.
RépondreSupprimerBonne journée !
Voilà un avis tranché. Merci de partager votre admiration pour l'écrivain.
SupprimerComme vous j'aime l'ambiance,-je la hume presque -, des romans de Simenon. Ses romans sont très bien écrits, il nous plonge dans des couches de la société que nous connaissons parfois mal ou peu.
RépondreSupprimerIl y a des époques où nous avons besoin de passer à côté des grands efforts intellectuels, et ce genre de romans, j'en lis régulièrement, font un bien fou-
Bon dimanche Christian.
«Un bien fou», mais oui... tout ce que je lis en commentaire de ce billet résonnera en moi lorsque, la fois prochaine, j'irai vers un Maigret ou un roman dur de l'auteur belge.
SupprimerIl se peut que mon attirance pour les univers simenonien soit une façon de retrouver des temps anciens : ceux de mes parents, d'ambiances effleurées dans mon enfance, du cinéma noir et blanc, des photos anciennes,...
Bon dimanche, j'espère qu'il fait moins maussade chez vous... Je m'attends à voir passer Maigret en imper sous la pluie...