Lorsque tous les jardins avaient un puits
où l'on jetait des sous,
Lorsque l'amour était facile,
Lorsqu'on mourait en héros pour du beurre
avec une épée de carton à la main,
Lorsque la mer montait par grand vent dans les peupliers,
emportant notre chambre et la nuit jusqu'au fond du sommeil,
emportant notre chambre et la nuit jusqu'au fond du sommeil,
Lorsque Dieu était Dieu,
Lorsque toutes les forêts avaient une licorne
qui rendait aveugles les chasseurs,
Lorsqu'on buvait la pluie à pleine bouche et sautait à pieds joints
dans le ciel pour éclabousser notre ombre,
Lorsque la justice était une balance en équilibre au bout d'une main blanche,
Lorsque tous les miracles – la perle d'eau sur la vitre, le flocon de neige, le nuage rose,
la résurrection des soldats de plomb après la bataille – avaient l'évidence d'une larme,
Lorsque la terre ne tournait que dans les rondes et les culbutes,
Lorsque le temps n'avait pas encore de montre
et n'avançait qu'avec la faim et le sommeil,
et n'avançait qu'avec la faim et le sommeil,
Lorsqu'on n'était que soi,
[...].
Guy Goffette - "Auden ou L'œil de la baleine" (collection L'Un et l'Autre)
Il me fait chaque fois le coup, Goffette, me faire redevenir petit garçon avec ses lignes épatantes sur l'enfance : ce sont les premiers mots de l'hommage qu'il consacre, bien dans l'esprit de la collection, entre biographie et autoportrait, à la vie de Wystan Hugh Auden. Celui qui devint "cet homme, en toute lucidité et dans la plus pure des détresses, qui chante et rend grâce pour tout ce qui est".
Un billet un de ces jours, probablement.
ah voilà un livre qu'il me faut d'abord pour Auden mais un poème hommage comme celui là est magnifique et contient un peu de l'humour que savait parfois mettre Auden dans ses vers
RépondreSupprimerEt je crois que vous appréciez la collection "L'Un et l'Autre"... Goffette aborde à sa façon la vie de W.H. Auden, c'est très bon, comme toujours avec lui.
SupprimerCet extrait est magnifique, merci. Je serai ravie d'en apprendre plus.
RépondreSupprimerJe vais terminer le livre, une joie jusqu'ici, pour avoir le plaisir d'en dire un peu plus.
SupprimerAh, j'attends avec impatience le billet. Bel extrait... et puis j'aime beaucoup Auden.
RépondreSupprimerÀ bientôt Cleanthe.
SupprimerQuel bonheur de lecture, ce livre de Goffette ! Vous me donnez envie de le relire...
RépondreSupprimerDe plus, comme vous, je suis fan de cette collection de Pontalis (et fan de Pontalis).
Je trouve très brillante l'idée de raconter une vie par un biais très personnel. Gallimard présente la collection de Pontalis comme «les vies des autres telles que la mémoire des uns les invente», cela convient merveilleusement à l'imaginaire d'un Goffette.
SupprimerÀ bientôt Pascale.
Pontalis, que j'ai interviewé (comme Goffette), était surpris que je trouve originale l'idée de cette collection :-)...
RépondreSupprimerLa serie s'est arrêtée avec la disparition de Pontalis, je vois qu'il y a eu 131 volumes !
SupprimerOui, il avait dit en la créant qu'elle s'arrêterait avec lui. Comme il avait espéré moutir le jour de son anniversaire. Choses faites.
RépondreSupprimerGoffette m'avait déjà beaucoup convaincu avec son approche de Bonnard (et Marthe) "Elle, par bonheur, et toujours nue".
SupprimerTrès beau livre aussi (hasard ? je l'ai offert dernièrement à une amie :-))
RépondreSupprimerOh que c'est beau! J'avais (aussi) raté ce billet, il est grand temps que je me remette à lire tous les blogs. Parfois la vie nous distrait, mais c'est la vie, le rêve.
RépondreSupprimerÀ très bientôt, je ne vous perdrai plus de vue:-))
Ah je suis content de vous voir sortie des soucis de communication, l'occasion de voir la vie autrement malgré les inconvénients.
SupprimerContent aussi que vous aimiez l'extrait. À bientôt.
Excellent extrait, soigneusement choisi. Un grand merci !
RépondreSupprimerEt l'envie d'aller plus avant, en effet !
Allons de l'avant, eh oui, une année nouvelle nous y invite !
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