"[...] enfin je voyais. On me dira au contraire qu'il est impossible de voir la peinture dans les livres – à travers de simples reproductions –, et que les volumes, les couleurs, l'inflexion de la lumière ne se donnent qu'à la faveur d'un cadre accroché sur un mur ; mais il m'est arrivé, contemplant un tableau dans un musée, de moins bien le voir que dans la solitude de ma chambre. Les reproductions sont trompeuses, faibles, insuffisantes, mais on y revient sans cesse, et avec elles, malgré notre défiance, se compose une relation intime et poudreuse, qui, à force d'ajuster sa distance, nous rapproche finalement peu à peu de ce point où l'attirance que nous avons pour une œuvre nous la donne."
Yannick Haenel - "La solitude Caravage" (Folio p 40)
Merci!
RépondreSupprimerJ'ai vérifié, ce livre est dans une de mes bibliothèques, fermées bien sûr
En Belgique, les bibliothèques restent ouvertes, malgré le (re)confinement annoncé hier.
SupprimerJ'aurais dû attendre la communication des bibliothèques: elles sont fermées jusque mi-décembre, au moins.
Supprimerje partage ce point de vue, non que je n'aime pas les musées, j'ai fait des km pour voir une expo Vermeer à La Haye, j'ai sillonné l'Europe pour voir des Bosch ou des Breughel mais ce sont des feux d'artifices hélas vite éteins, et le reste du temps je me réconforte avec les livres où les reproductions sont souvent magnifiques
RépondreSupprimerJe n'ai jamais autant voyagé que vous vers des lieux culturels, je l'avoue.
SupprimerJ'aime bien aller dans les musées, mais il faut reconnaître qu'il arrive que l'on soit fatigué en découvrant les œuvres qu'on espérait et devant laquelle se pressent trop d'amateurs ou de touristes. L'on n'a pas toujours la tranquillité souhaitable pour établir une intimité.
Mais, en général, j'en garde de très bons souvenirs.
Peut-être enfermé une nuit au musée, pourquoi pas ?
Oui, cela arrive : les reproductions nous aident à entrer dans l'intimité d'une œuvre, elles sont très précieuses, même si elles me semblent insuffisantes. En lisant cet extrait (très bien écrit), je pensais à certaines émotions profondes ressenties en découvrant l'œuvre en face à face, la révélation de la touche, des couleurs, du format, de l'atmosphère... Irremplaçable. Voir Proust, évidemment, avec le "petit pan de mur jaune". Par la suite, chez soi, la reproduction prend alors une autre force, amplifiée par le souvenir.
RépondreSupprimerLe problème qui me vient à l'esprit avec les reproductions, c'est la justesse des dimensions. Il arrive que l'on soit surpris de la taille réelle de telle toile ou telle sculpture connue d'images (même si l'on en a vu les chiffres des dimensions). Et puis en reproduction, la balance des blancs est une plaie pour les couleurs. Tenez, je frappe "Cavavage vocation Mathieu" dans le browser d'images et cent nuances différentes s'affichent. Il y a de beaux livres d'art luxueux où l'on voit d'un coup d'œil des dominantes indésirables (des Bastien-Lepage au foie malade chez Faton).
SupprimerVision réelle et reproductions sont complémentaires. Je pense aux œuvres en très haute définition numérique qui ont des atouts incroyables, si l'on y a accès. La condition vaut pour l'œuvre en musée : des avantages irremplaçables si l'on peut y accéder.
Je vais maintenant relire Proust et le passage du petit pan de mur jaune.