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François Guichard Éditions Locus Solus, 2024 410 pages |
Sous le titre "Premières armes - L'appel du large", on lit Roman. L'auteur s'en explique dans une note qui précède la description succincte de chaque protagoniste : "Les personnages de ce roman historique ont tous existé mais leurs personnalités, leurs sentiments et leurs actes relèvent de la fiction". Conserver le vrai nom des marins est, pour le contre-amiral François Guichard, une façon de leur rendre hommage et éviter qu'ils ne tombent dans l'oubli, quitte à leur attribuer des actes inopportuns qu'ils n'ont pas posés. Hommage incongru, mais passons.
Ancien commandant de sous-marins nucléaires, l'auteur est maintenant chargé de la fonction Histoire de la Marine française. Il est l'auteur de "Premières plongées – Vingt milles nautiques sous la mer" (2022), qui relate les balbutiements des submersibles avec le prototype révolutionnaire du "Plongeur" en 1863 [ce dernier inspira Jules Vernes pour le Nautilus]. Ce livre a été réédité trois fois et primé à plusieurs reprises.
Dans la foulée, par l'entremise de garçons répondant à l'appel du large, François Guichard raconte l'apparition des premiers submersibles appelés à combattre sous l'eau : ils eurent pour nom le "Morse" et surtout le "Narval" et le "Korrigan", ces deux derniers conçus par Maxime Laubeuf, ingénieur du Génie maritime, considéré comme le père des sous-marins français. Ses conceptions s'opposaient à celles de Gaston Ramazzotti (le "Morse") et Gabriel Maugas (le "Farfadet").
Grossièrement résumée, disons que l'originalité du "Narval" de Laubeuf était sa double coque. Les espaces entre coques intérieure et extérieure servent de ballasts, qui se remplissent ou se vident d'eau selon que le bateau plonge ou fait surface (cette innovation fondamentale sera adoptée par toutes les marines du monde et est toujours d'usage dans les sous-marins modernes). Pour le premier "Narval", deux moteurs électriques alimentés par accumulateurs permettent le déplacement en immersion. Un moteur à vapeur (chaudière pétrole lourd) propulse le bateau en surface et permet de remplir les réservoirs d'air comprimé servant à chasser l'eau des ballasts.
La coque extérieure est adaptée à la navigation en surface grâce à un dessin qui autorise une meilleure vitesse. Cette coque n'est soumise à aucun effort (pression de l'eau) lors de la plongée, au contraire de la coque intérieure.
L'auteur mêle l'histoire anecdotique des marins, les paysages attachants de la côte française, de Cherbourg à Saintes, avec les luttes d'influence entre polytechniciens concepteurs des machines, politiciens et officiers responsables, soucieux de faire progresser la marine française dans une voie favorable. S'y ajoutent des descriptions techniques où l'on aurait apprécié des notes de bas de page : ce que sont les ballasts, les purges ou une ligne de foi, ne fût-ce que pour les néophytes.
La prose est quelquefois déroutante "...la rade se transforma en véritable Tatare où les monstres d'aciers aux cent canons jouaient le rôle des Hétaconchires" (mythologie grecque).
Tout cela donne un volume intéressant, généralement facile à lire, mais tous les amalgames qu'il comporte, même bien dosés, m'ont embarrassé. L'aspect romanesque ne faisait pas partie de mes attentes lorsque j'ai demandé le livre lors de l'opération Masse Critique : mea culpa, j'avais négligé de lire attentivement la présentation.
Au bout de deux cents pages, la lecture m'ennuyait. Je sais que le livre a trouvé et trouvera ses lecteurs, il n'est simplement pas venu à point pour moi, même si j'y ai pioché quelques informations importantes sur les submersibles du tout début du 20e siècle.
Merci Babelio et vifs remerciements aux éditions "Locus Solus" qui m'ont fait parvenir l'envoi rapidement avec un marque-page dédié et un catalogue luxueux de leurs publications 2024.
Dommage, c'était fort prometteur et ce livre avait tout pour me plaire, mais dans un roman historique, il faut que le romanesque soit bien dosé, c'est la difficulté... Joli titre de billet en tout cas, "L'adolescence des submersibles" !
RépondreSupprimerUn lecteur, une lectrice n'est pas l'autre. Si vous le trouvez en bibliohèque, esayez-le, il y a des lecteurs satisfaits.
SupprimerCertainement un livre intéressant pour des lecteurs bien informés, mais pour les néophytes en la matière (dont je fais partie), il n'est pas dit que la partie purement technique soit toujours compréhensible, surtout sans renvois explicatifs. Quant au côté romanesque, il faut voir comment cela s'articule avec le reste du livre.
RépondreSupprimerMerci et bonne fin de de semaine, christw
Bonjour Antoine. Pour le côté technique, il faut se munir d'un accès à Internet pour trouver le fonctionnement d'un sous-marin à double coque, voir des plans, ce peut être passionnant si l'on s'intéresse. Mais alors les fictions des marins paraissent superflues. Avis tout personnel.
SupprimerBonne fin de semaine.