L'adultère est le thème récurrent des récits de ce recueil. Son titre suggère l'évocation d'une foule de péchés, mais on parlera plutôt de manquements qui conduisent les partenaires à vider de sens leur relation, entachée d'une façon ou d'une autre par l'infidélité.
Un tel titre appelle des références bibliques: "...l'amour couvre la multitude des fautes (première épître de Pierre); [...] celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s'était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés." (Épître de Jacques).
Il ne se manifeste aucun amour ni espoir de rédemption pour sauver les couples racontés ici.
Richard Ford donne sans concession un livre désenchanté. Il dit dans une interview sur le site littéraire américain identitytheory: "... J'ai voulu parler de la manière dont nous nous laissons choir jusqu'à ce niveau et en souligner les conséquences morales et en dire l'importance.(...) Il s'agit ici d'écrire à propos de péchés. Voici comment ils sont commis et comment ils se situent au ras du sol. Ce n'est pas du sexe estérifié." L'auteur ajoute qu'il a fait les histoires suffisamment heureuses pour que le lecteur ne s'enfuie pas en courant. Autant savoir...
Il cite enfin le critique anglais F.R. Leavis: "La littérature est un des moyens suprêmes par lesquels nous apprenons une nouvelle conscience et renouvelons notre vie sensuelle et émotionnelle."
A travers des perspectives mouvantes de temps et d'espace, les personnages déconstruisent progressivement leur univers pour découvrir les renoncements et les échecs de leur existence, et se révèlent alors sous un jour inconnu d'eux-mêmes.
Le plus grand reproche que l'on formulera à l'encontre des dix nouvelles est leur longueur guère proportionnelle au volume d'informations nécessaire aux récits. Toutefois, malgré l'uniformité du thème, les choix narratifs variés créent des histoires très différents les unes des autres.
La flétrissure des couples n'est pas rendue par la description navrée de choses médiocres et insignifiantes, comme c'est le cas chez beaucoup d'écrivains moins matures, mais par le débit régulier d'actes et de dialogues qui crée le sentiment d'insuffisance, de vide, d'absurdité même. Comme déjà souligné à propos d' Une saison ardente, Ford va contre la règle, c'est-à-dire qu'il dit au lieu de montrer. Il sort également des sentiers battus en opposant des couples défaits à une tendance du roman et du cinéma américain de montrer des mariages maintenus de force par un travail intensif.
Le lecteur découvre une grande maîtrise de la compréhension et de l'expression réaliste des émotions humaines. Le souci du détail, la poursuite des plus petits faits significatifs rappellent Anton Tchekov. Le réalisme des situations et des comportements est rapproché de l' Étranger de Camus.
La moins bonne des histoires est à mon sens "Crèche" alors que j'ai trouvé une vérité troublante à "Charité" même si elle est trop longue. Je suis de l'avis que "Le Chiot" est la meilleure (un chef d'oeuvre pourquoi pas ?). "Abîme", plus longue et la dernière du recueil, est plutôt ce que l'auteur appelle une novella (R. Ford s'est livré ailleurs à des classifications qui intéresseront surtout les spécialistes. Pour information, il semble que la novella soit plus courte qu'un roman et plus longue qu'une short story, tandis que la novelette se situe entre la short story et la novella !), et est sans doute la plus marquante avec cette chute accidentelle dans le Grand Canyon qui se déroule comme un événement banal, sans accentuation de l'auteur. La vie coule, une femme tombe et se tue, la vie continue pareille, pas d'enquête même, rien qu'un constat sans complication, une imprudence, un incident. Le monde ne change pas, les gens autour n'ont rien vu. Le lecteur est remué mais ce n'est pas l'auteur qui lui dicte de l'être. Tout un art d'écriture.
Un tel titre appelle des références bibliques: "...l'amour couvre la multitude des fautes (première épître de Pierre); [...] celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s'était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés." (Épître de Jacques).
Il ne se manifeste aucun amour ni espoir de rédemption pour sauver les couples racontés ici.
Richard Ford donne sans concession un livre désenchanté. Il dit dans une interview sur le site littéraire américain identitytheory: "... J'ai voulu parler de la manière dont nous nous laissons choir jusqu'à ce niveau et en souligner les conséquences morales et en dire l'importance.(...) Il s'agit ici d'écrire à propos de péchés. Voici comment ils sont commis et comment ils se situent au ras du sol. Ce n'est pas du sexe estérifié." L'auteur ajoute qu'il a fait les histoires suffisamment heureuses pour que le lecteur ne s'enfuie pas en courant. Autant savoir...
Il cite enfin le critique anglais F.R. Leavis: "La littérature est un des moyens suprêmes par lesquels nous apprenons une nouvelle conscience et renouvelons notre vie sensuelle et émotionnelle."
A travers des perspectives mouvantes de temps et d'espace, les personnages déconstruisent progressivement leur univers pour découvrir les renoncements et les échecs de leur existence, et se révèlent alors sous un jour inconnu d'eux-mêmes.
Le plus grand reproche que l'on formulera à l'encontre des dix nouvelles est leur longueur guère proportionnelle au volume d'informations nécessaire aux récits. Toutefois, malgré l'uniformité du thème, les choix narratifs variés créent des histoires très différents les unes des autres.
La flétrissure des couples n'est pas rendue par la description navrée de choses médiocres et insignifiantes, comme c'est le cas chez beaucoup d'écrivains moins matures, mais par le débit régulier d'actes et de dialogues qui crée le sentiment d'insuffisance, de vide, d'absurdité même. Comme déjà souligné à propos d' Une saison ardente, Ford va contre la règle, c'est-à-dire qu'il dit au lieu de montrer. Il sort également des sentiers battus en opposant des couples défaits à une tendance du roman et du cinéma américain de montrer des mariages maintenus de force par un travail intensif.
Le lecteur découvre une grande maîtrise de la compréhension et de l'expression réaliste des émotions humaines. Le souci du détail, la poursuite des plus petits faits significatifs rappellent Anton Tchekov. Le réalisme des situations et des comportements est rapproché de l' Étranger de Camus.
La moins bonne des histoires est à mon sens "Crèche" alors que j'ai trouvé une vérité troublante à "Charité" même si elle est trop longue. Je suis de l'avis que "Le Chiot" est la meilleure (un chef d'oeuvre pourquoi pas ?). "Abîme", plus longue et la dernière du recueil, est plutôt ce que l'auteur appelle une novella (R. Ford s'est livré ailleurs à des classifications qui intéresseront surtout les spécialistes. Pour information, il semble que la novella soit plus courte qu'un roman et plus longue qu'une short story, tandis que la novelette se situe entre la short story et la novella !), et est sans doute la plus marquante avec cette chute accidentelle dans le Grand Canyon qui se déroule comme un événement banal, sans accentuation de l'auteur. La vie coule, une femme tombe et se tue, la vie continue pareille, pas d'enquête même, rien qu'un constat sans complication, une imprudence, un incident. Le monde ne change pas, les gens autour n'ont rien vu. Le lecteur est remué mais ce n'est pas l'auteur qui lui dicte de l'être. Tout un art d'écriture.
Il arrive que la lecture paraisse monotone, car peu d'événements se produisent et c'est d'ailleurs une critique formulée par le New-York Times. A ce propos, le livre a été fraîchement accueilli par la critique aux Etats-Unis mais beaucoup mieux en Angleterre. Bien reçu en France, il est proposé au programme de l'agrégation d'anglais en 2008-2009.
Avec ces dix histoires ordinaires de couples issus des classes blanches aisées, Ford conjugue une fois encore de main de maître l'impact et la retenue de l'écriture.
Avec ces dix histoires ordinaires de couples issus des classes blanches aisées, Ford conjugue une fois encore de main de maître l'impact et la retenue de l'écriture.
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