Crimes sanglants et tueurs en série ne font pas partie des ingrédients de Hypothermie. On parlera plutôt d'un polar soft dans ce pays où la criminalité est quasi inexistante. Il est vrai qu'en Islande, les classes sociales sont peu marquées et ce serait un vecteur de paix intérieure. J'ai lu aussi que la rareté des délits graves entraîne que la communauté ne sait pas toujours comment les traiter. Il n'empêche, cet auteur islandais connaît aussi bien le succès dans son pays qu'à l'étranger où il est largement traduit.
Roman gris comme un lumière polaire1, il relate une affaire policière sur fond de peinture sociologique. Arnaldur Indridason2 offre un regard sur la société islandaise qui n'est pas aussi sereine que l'eau de ses lacs, avec des bas-fonds, des gens à la dérive et des convoitises matérialistes. Loin des scénarios émaciés d'une efficacité aiguë, celui-ci suit un cours plus tranquille en donnant une consistance psychologique aux personnages et n'hésite pas à impliquer la vie privée du commissaire Erlendur, un bonhomme attachant3.
J'ai employé le qualificatif gris à dessein, car il est très significatif du contexte, du climat de neige et de brume, de la progression laborieuse de l'enquête informelle, à l'image du probe Erlendur, solitaire et apathique, hanté perpétuellement par la disparition de son jeune frère. Tout semble aller très lentement car l'affaire offre peu de prise. D'ailleurs il n'y a pas de crime, juste un suicide ordinaire qui n'appelle aucun soupçon au départ. Erlendur va aux limites de son intuition et finit par déterrer une vérité machiavélique grâce à sa persévérance et le hasard d'enquêtes liées à des disparitions. En égratignant implicitement au passage fantômes et mediums, qui n'ont pas les faveurs du policier cartésien.
Le suivi de l'investigation est vraisemblable. Pas de recours ostensible à un deus ex machina maladroit. Erlendur est justicier mais pas du tout un super-héros, même s'il fait preuve d'un stoïcisme opiniâtre aux prises avec des collègues peu coopératifs et des témoins pas forcément décidés à lui faciliter la vie. Un bon roman policier, propre et humain, qui délivre tranquillement ses vérités avec un dosage bien calculé. Un bon moment de lecture.
Lu sur Sony PRS-T1
Le suivi de l'investigation est vraisemblable. Pas de recours ostensible à un deus ex machina maladroit. Erlendur est justicier mais pas du tout un super-héros, même s'il fait preuve d'un stoïcisme opiniâtre aux prises avec des collègues peu coopératifs et des témoins pas forcément décidés à lui faciliter la vie. Un bon roman policier, propre et humain, qui délivre tranquillement ses vérités avec un dosage bien calculé. Un bon moment de lecture.
Lu sur Sony PRS-T1
1 Situé juste sous le cercle polaire arctique, l'Islande est baignée d'une lumière étrange sans nuit en juin et juillet mais connaît la nuit quasi perpétuelle de novembre à février.
2 Le deuxième nom des Islandais n’est pas un nom de famille. Il s’agit du prénom du père auquel on accole le suffixe -son pour les hommes ou -dóttir pour les femmes. Ainsi Erlendur Sveinsson est Erlendur le fils de Sveinn et Eva Erlendsdóttir est Eva la fille d’Erlendur. C’est toujours par le prénom qu’on réfère à l’individu, le deuxième nom ne servant que de précision destinée à éviter les confusions. (Note du traducteur Eric Boury)
3 Erlendur Sveinsson apparaît dans une dizaine de romans de Indridason parus entre 1997 et 2011 (dont plusieurs non traduits en français).
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