29 septembre 2012

Diététique spirituelle 1 - Le lecteur autophage

Il n'est pas nécessaire d'approfondir la pensée du philosophe Anaxagore pour comprendre l'analogie formulée par Frédérique Pernin: selon ce penseur grec, seul le même peut être issu du même. Et si la vache mange de l'herbe qui devient chair de vache, c'est que l'herbe est formée des mêmes particules de chair. Les adeptes de l'hypothèse scientifique qui conçoit l'univers constitué d'une matière unique ne le contesteront pas.

"Forts d'un tel principe, les lecteurs autophages sont ceux qui se nourrissent de ce qui leur ressemble. Qu'il s'agisse d'un essai ou d'un roman, le livre se doit d'être facile, familier, déjà compris avant même que d'être lu. Ne lisant que ce qu'ils sont, ils se dévorent eux-mêmes. Inévitablement, même s'il lit beaucoup, un autophage présente de la sous-nutrition; il risque des carences et dans les cas extrêmes la mort de l'esprit."

Ne jetons pas trop vite la pierre aux dévoreurs exclusifs de polars, SF, harlequineries ou chick lit. Avouons qu'il est doux de se caler sur le coussin pour se plonger dans un univers familier ou de retrouver un collection amie. Et nos relectures pour le plaisir ne sont-elles pas une forme d'autophagie ? C'est la mesure qui importe, bien sûr.

Sur base d'un réflexion de Frédérique Pernin dans sa Petite philosophie du lecteur (Éditions Milan).

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