"Parce que l'écrivain est un être exceptionnel à l'existence exceptionnelle" : la quatrième de couverture donne immédiatement le ton espiègle et railleur de cet abécédaire.
Il s'adresse aux jeunes de vingt ou trente ans (d'esprit bien sûr) qui ambitionnent d'écrire un livre. D'abord envoyer ses manuscrits à un éditeur. "... leur retour avec lettre-type de refus te fera sombrer dans la frustration, puis l'amertume, puis l'aigreur, puis la misanthropie, puis la perte de poids que tu compenseras en bourrant ton caddy au centre commercial Rosny."
Il s'adresse aux jeunes de vingt ou trente ans (d'esprit bien sûr) qui ambitionnent d'écrire un livre. D'abord envoyer ses manuscrits à un éditeur. "... leur retour avec lettre-type de refus te fera sombrer dans la frustration, puis l'amertume, puis l'aigreur, puis la misanthropie, puis la perte de poids que tu compenseras en bourrant ton caddy au centre commercial Rosny."
Et si le livre est édité, ce n'est pas encore gagné: n'a droit au galon d'écrivain que celui qui "parle de la façon dont le chœur estime que doit parler un écrivain". Et pour cela il s'agit de puiser dans un corpus de croyances, mythes et superstitions qui "ont érigé depuis deux ou trois siècles, sur fond de voûte céleste, une déesse Littérature". Cette idéologie reposerait sur quelques mots clés que ce livre décrit ironiquement.
On est dans la plaisanterie, et s'il arrive que François Bégaudeau aille trop loin (quand, par exemple, il écrit que Pol Pot s'est imprégné, durant ses études à la Sorbonne, de nos valeurs pour en faire profiter les siens), il égratigne aussi avec un certain bonheur quelques idées reçues sur l'écrivain sacré, le ponte révéré qui traînent leur poids de conservatisme (j'ai voulu dire intégrisme mais nous n'en sommes pas là). Alors sourions avec l'auteur, et puis sait-on jamais, qu'il y ait du vrai dans tout ça, allez savoir, si vous rêvez de la carrière...
François Bégaudeau est enseignant de français et journaliste, auteur de Entre les murs et de l'Antimanuel de littérature. On évaluera son analyse du pouvoir de la littérature dans cet entretien à l'occasion du livre de Finkielkraut. Considéré comme un maquisard, il se situe politiquement en opposition avec l'ordre établi, ce qui explique certaines de ses considérations parfois extrêmes sur la littérature et le reste. Autant savoir.
Un petit recueil bien écrit, divertissant et piquant. Demain, un ou deux extraits ici.
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