3 mai 2016

Intégrité morale

Semaine paisible, iode et effluves marines, un peu de recul, j'achète la presse française. 

"Marianne" titre "Les lanceurs d'alerte, seuls contre tous", car les gouvernants ne semblent pas vouloir soutenir ni protéger les dénonciateurs de fraude fiscale et d'autres pratiques douteuses. À Bruxelles on prétend lutter contre l'évasion fiscale, à Strasbourg on légifère pour protéger le secret des affaires, duplicité étrange. Luxleaks, Panama Papers, les scandales se multiplient. Antoine Deltour n'a pas envie de collaborer aux pratiques d'optimisation fiscale et dénonce. Stéphanie Gibaud, employée de la banque suisse UBS, rapporte un vaste système frauduleux qui doit permettre à l'État français de récupérer des milliards d'euros ; elle est au chômage. Pierre Hinard, «le paria du bifteck», révèle une pratique de reconditionnement de la viande avariée et est mis à pied. Mais pas de lois pour reconnaître ces citoyens. 

Agacement de qui paie ses taxes, je lance "Marianne" sur la table du salon pour saisir, l'œil déjà béat, mon livre de chevet, le petit recueil "Les Belles lettres" où  Nuccio Ordine propose une année avec les classiques. 

Signet page 27 : Thomas Mann à l'honneur. Les affaires encore, la cupidité, avec une phrase tirée des "Buddenbrook", écrite sur un fronton : "Mon fils, consacre avec joye le jour aux affaires, mais non point à celles qui, la nuit, troubleroient ton sommeil"
Ordine commente : "Éprouvent-ils de la honte du fait de leur déshonneur ou bien, au contraire, s'endorment-ils en songeant avec satisfaction à leur compte en banque bien garni ?

Moi, côté sommeil, ça va.

14 commentaires:

  1. Agacement... je suppose que c'est un euphémisme.
    Contente de retrouver ce titre que je me suis promis de lire, de bonne compagnie.

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    1. Un livre qui accompagne bien, avec tout ce qu'on sait de bien et qu'on oublie, revu à travers des citations de classiques. L'introduction est excellente.

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  2. un scandale total
    Une année avec les Classiques j'ai aimé mais je l'ai trouvé un peu court à mon goût

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    1. Court ? Je ne crois pas qu'il faut le lire en séquence mais jour après jour, de temps en temps. L'introduction soulève un tas de considérations sur l'éducation qui me tiennent à cœur.

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  3. Je lis dans une critique du livre cette phrase: « L’homme naît barbare mais rachète sa nature de bête par la culture », écrivait Baltasar Gracián au XVIIe siècle...

    Je ne connais pas du tout cette oeuvre mais cela semble être comme une microbibliothèque idéale...je me trompe?
    Bonne semaine Christian.

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    1. Oui c'est un peu cela. Nuccio Ordine part d'extraits courts d'œuvres classiques (de Boccace à Yourcenar en passant par Shakespeare ou Saint-Exupéry), pour laisser un commentaire qui a trait à des valeurs importantes. L'idéal est d'aller vers les œuvres entières, mais restons mesuré dans les ambitions.
      L'extrait que vous citez colle parfaitement à ce qui est exprimé en préface par l'auteur.

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  4. Comme je ne lis guère cette presse... En revanche le petit fascicule rouge m'a l'air plus intéressant!Je ne connaissais pas du tout, et ne me souviens plus de cette citation des Buddenbrook (roman qui m'a quand même paru longuet, à l'époque)

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    1. J'en dis plus sur le petit livre dans les commentaires précédents.
      Nuccio Ordine considère que "Les Buddenbrook" est un roman magnifique.

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  5. J'ai lu les Buddenbrook il y a longtemps, il m'avait paru un peu "empesé", peut-être étais-je trop jeune pour en apprécier toutes les facettes. La lecture de la presse me désespère, je préfère noter le livre de citations, meilleur pour ma sérénité d'esprit !

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    1. Le problème avec certains classiques est qu'ils sont un peu "empesés", pour reprendre votre adjectif pertinent. Ils disent pourtant bien des sagesses universelles.
      La presse : il faut bien voir le monde comme il est, et se mettre en rogne, souvent.

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    2. Ce philosophe me dit quelque chose... il n'est pas l'auteur d'un essai sur l'inutilité ?

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    3. Oui, Pascale, il est l'auteur de "L'utilité de l'inutile" que je n'ai pas lu et qui est certainement un développement des belles idées qu'il avance dans l'introduction de "Une année avec les classiques".
      Je dis "belles idées" parce qu'ils me semble qu'elles ont le caractère platonique de ce que trop de gens admettent, trouvent bien, mais ne souhaitent plus vraiment défendre ni appliquer. 
      Exemple : l'enseignement aujourd'hui, pragmatiquement, c'est d'abord décrocher un papier pour gagner des sous : le culte de l'utilité.
      Nuccio Ordine et aussi un spécialiste du penseur italien Giordano Bruno. Plusieurs auteurs cités sont du XVIè siècle, une période qui le passionne.

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  6. Je suis passée totalement à côté de ce titre... il faut dire qu'en ce moment, je suis un peu la tête dans le guidon. Ton billet donne vraiment envie de se plonger dans le livre en question. Comme le dit Aifelle, cela sera sans doute meilleur pour ma tranquillité d'esprit car en ce qui concerne les infos, en ce moment, l'ulcère de stress me guette dès que j'allume la radio (j'exagère à peine...).
    J'aurais bien des choses à dire en ce qui concerne l'enseignement et le "papier" dont tu parles, ou sur le rôle des professeurs aujourd'hui, mais je vais m'arrêter là, pour me ménager ;-)

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    1. La presse a tendance à dramatiser, mais elle est utile. En fermant le journal, on peut trouver des apaisements dans les livres qui nous accompagnent, comme cette année avec les classiques.
      Ils permettent souvent de relativiser les actualités difficiles.
      Attention aux marathons, ménage-toi.
      ;-)

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