"L'idée m'en est venue à l'occasion d'une partie de tennis. Il m'arrive ainsi de claquer le plus beau geste tennistique qui se puisse accomplir : un revers. J'aime dans ce geste qu'il joigne la fluidité à la fulgurance. La vitesse de frappe est indispensable à son exécution et pourtant, je n'estime ce coup réussi que s'il imite la langueur ! Mon bras doit se plier sans effort apparent, la balle repartir de manière parfaitement oblique, avant de rebondir dans une sonorité que l'on n'imaginait pas reposante, comme si la balle, parvenue là-bas, dans ce paradis difficilement atteignable qu'est l'angle opposé, avait été déposée à une vitesse alentie. Mais que reste-t-il, hein ! d'un coup pareil, une minute plus tard ? Je te le dis : tant de beauté perdue.
C'est bien le but de ces enregistrements : sauver ce qui doit l'être. Faire bon emploi de l'ennui. Se consoler de vivre."
La beauté est gratuite mais elle passe bien trop souvent inaperçue!
RépondreSupprimerEt la beauté est aussi dans les yeux de celui qui la voit.
SupprimerUn extrait qui me rappelle un texte de Grozdanovitch sur l'élégance du geste au tennis.
RépondreSupprimerJe note ceci dans la conclusion de Jean Le Gall, qui me touche : "sauver ce qui doit l'être", "se consoler de vivre".
Il y a bien des points communs entre le tennis, le jeu d'échecs et la littérature, qui n'ont pas échappé à Grozdanovitch.
SupprimerSe consoler de vivre par la voie des arts, une démarche très schopenhauerienne.
Sauver la beauté, je crois qu'elle est partout si "on regarde avec le cœur" disait St Exupery.
RépondreSupprimerLa beauté du geste ne sauve pas l'humanité mais fait un bien fou à qui sait l’apprécier. Enfin, je crois;-)
(en plein travaux dans la maison, je n'ai pas souvent accès pas mon ordinateur..et puis la poussière, haaaachis. Je ris mais je crois que vous êtes passé par la la même situation où il est malaisé de lire, voire impossible!)
Amicalement.
Ne sauver que ce qui doit l'être, s'il n'y a que l'art, la beauté, est pessimiste puisque cela sous-entend qu'il n'y a rien d'autre à attendre de l'homme, aucun meilleur monde. Mais il y a une certaine sagesse là-dedans et je me dis que c'est plus à ma mesure que sauver l'humanité ;-)
SupprimerAh oui, les travaux et la poussière, nous avons connu il n'y pas longtemps. D'un côté je préfère entendre cela que d'autres soucis qui vous éloigneraient de l'ordi et empêcheraient les mots amicaux et intéressants que vous déposez régulièrement ici.
Belle journée Colette, le ciel est bleu aujourd'hui à Liège