"Sans cesse, quand de nouveau un de ces nuages se présentait hésitant dans son champ de vison, il avait d'abord le sentiment de le reconnaître. Chaque nuage lui donnait pour commencer un sentiment de déjà-vu. Il s'efforçait de le suivre des yeux le plus longtemps possible et peu à peu la certitude de l'avoir déjà aperçu, la veille, un autre jour, longtemps avant peut-être, s'érodait, se dissipait. Jamais un nuage n'était vraiment le même qu'un nuage vu la veille, ou une minute auparavant. Et de plus, ils ne restaient jamais semblables à ce qu'ils avaient été à leur naissance, c'est-à-dire à leur naissance à son regard. Même quand ils ne se fondaient pas dans un autre nuage plus vaste, plus décidé, plus impérieux, ils devenaient insensiblement autres, au point qu'au moment où il cessait de les apercevoir dans le lointain, il finissait par douter de les avoir vraiment suivis; car il n'était jamais certain de ne pas avoir laissé, en un instant de distraction, son regard passer sur un autre nuage, entièrement différent du premier."
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Vrai bijou, petit livre "dans la tradition des livres de prose de Jacques Roubaud. [...] ...où apparaît la vie entière de Mr Goodman, sorte d'alter ego romanesque de l'auteur" (quatrième de couverture). Les nuages passent, "ciel "éternellement changeant", de l'enfance à l'âge mûr et l'œuvre de John Constable ranime un pan de vie occulté.
Merci de me rappeler ce titre par ce bel extrait et l'étude de Constable. Ces changements à vue du ciel sont fascinants - quel défi pour les peintres !
RépondreSupprimerQuel défi car le ciel change. Les observations croisées des peintures/notes de Constable avec les observations météorologiques indiquent un rendu de l'état exact du ciel, jour après jour, à Hampstead (où il réalisa ses études de nuages) !
SupprimerUn essai que j'aime particulièrement et auquel j'ai repensé à la lecture d'Un été pas comme les autres qui explique les changements climatiques du à une éruption qui influença tellement le climat que les ciels anglais en furent changés et que Constable y fut particulièrement sensible
RépondreSupprimerVous voulez parler de "L'année sans été' ? Tiens, je l'avais loupé sur votre blog... je le découvre. Merci.
SupprimerQuel beau texte ! qui se marie parfaitement avec le tableau. Il en va du ciel comme du feu, on peu passer des heures à l'observer, entre repos et fascination...
RépondreSupprimerOui le feu. Et l'eau : regarder la rivière couler, la pluie tomber, le reflux de la mer.
SupprimerMagnifique ensemble mots et tableau!
RépondreSupprimerL'observation des nuages est passionnante, il y a Constable et tant d'autres peintres. Je me souviens d'un livre vu chez une de mes soeurs qui s'appelait "Art et science des nuages au Siècle d’or hollandais", peut-être le connaissez-vous.
Bonne fin de semaine!
Je ne connais pas ce livre. Je sais que Constable a tenu compte de la classification, alors récente, des nuages pour réaliser ses études de ciel. À bientôt.
SupprimerCet extrait est merveilleux. Il me touche. Merci.
RépondreSupprimer:-)
SupprimerCela me rappelle un livre merveilleux : Le guide du chasseur de nuages de Gavin Pretor-Pinney.
RépondreSupprimerJe note ce livre-là, merci Pascale.
SupprimerLorsque je débutais en photographie, les ciels nuageux étaient parmi mes sujets préférés, je leur donnais beaucoup de place dans les paysages.
Pour ma part, cette image nuageuse me fait penser à un album BD, l'espace bleu entre les nuages", d'une série BD que j'aime bien (Jonathan, de Cosey).
RépondreSupprimermerci pour votre commentaire sur mon récent billet chez dasola
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
L'espace bleu entre les nuages, c'est positif ça...!
SupprimerOui je vois J de Cosey, chez Lombard.
J'ai été grand lecteur de BD pour les laisser de côté depuis quelques années, ma compagne n'y accroche pas du tout, peut-être est-ce pour cela... L'occasion d'y retourner peut-être ?
J'irai faire un tour sur le blog de dasola pour trouver d'autres articles, celui sur Honoré est excellent.