3 janvier 2018

Écriture inclusive

Jean-Marie Klinkenberg s'exprime succinctement à ce sujet dans le mensuel de l'université de Liège : "Quelle écriture pour quelle justice ?". Dans ce genre de débat, il est toujours bien de se tourner vers l'avis de spécialistes, en l'occurrence un linguiste/sémiologue, et le fait d'y trouver à peu près l'écho de ce que l'on croit induit ce mot. 


Brièvement, la position du spécialiste est que les formes doubles ("les utilisateurs et les utilisatrices"), même abrégées (parenthèses, crochets, points,...), encombrent et complexifient l'écriture. Elles nuisent à l'appropriation des textes dont l'objectif est d'abord leur clarté pour la majorité des citoyens. Il  convient de ne les utiliser qu'avec parcimonie.
Par contre, la féminisation des métiers, grades et titres, paraît bien plus essentielle afin d'enrayer les mécanismes d'exclusion. Le genre hiérarchise et peut inhiber les postulantes.

Il est raisonnable de considérer que les questions d'accord grammatical, de féminisation des mots, sont un problème modeste en regard des différences qui lèsent les femmes (ne fût-ce que sur le plan des rémunérations). La face émergée de l'iceberg : "Si l'égalité grammaticale visée par l'écriture inclusive devait n'être qu'un paravent, [...]", avertit le professeur Klinkenberg.

Toutefois, et c'est par là que le spécialiste commence son article, le langage ne sert pas qu'à communiquer, il est aussi un pouvoir. Il modèle notre pensée : "Les questions de langue ne sont donc pas des amusettes pour esthètes désœuvrés ou pour aimables scrabbleurs : elles peuvent traduire de violents rapports de force (une violence dont les victimes ne sont pas conscientes, le langage dans lequel elle advient étant réputé celui de tous)." 

L'écriture inclusive : une question modeste mais donc indispensable.

Lire l'avis de Dominqiue Bona de l'Académie française.
Source Lacroix.com

11 commentaires:

  1. Au moins cela permet de réfléchir, d'aborder les sujets plus sérieux (et j'espère que le bon sens sera vainqueur)

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    1. Oui le bon sens veut que la querelle ne masque pas les sujets plus sérieux.

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  2. Le masculin prioritaire c'est la marque de l'histoire des femmes, elle a évolué ce n'est pas pour autant que les modifications changeraient le moindre iota du droit des femmes !!
    il y a des combats plus importants, la violence faite aux femmes, les égalités salariales là est le vrai combat le reste ... et puis n'oublions pas qu'il y a toujours amour délice et orgue :-) pour inverser un peu la tendance

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    1. Tiens (ou zut), je ne suis pas sûr de qualifier correctement "délices" au pluriel, même si je les trouve savoureuses...
      Mais d'accord, ce n'est pas le plus important.

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  3. Les grands combats n'empêchent pas les petits. C'est comme ceux qui disent : Occupons-nous des gens avant de nous occuper des animaux : en quoi l'un empêche-t-il l'autre ?

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    1. C'est ce que dit le sémiologue dans l'article : combat très modeste mais quand même indispensable, à cause du pouvoir du langage.

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  4. Article intéressant, merci pour le lien. Je rejoins en grande partie ce point de vue, le souci de clarté ; je ne rejette pas pour autant quelque évolution dans l'orthographe grammaticale (comme le suggère l'académicienne Dominique Bona).

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    1. Merci du retour, j'ajoute à l'article un lien vers un entretien de D. Bona (France Culture).

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  5. Je partage l'avis de Nikole. Pour ma part et depuis mon adolescence, le masculin l'emportant sur le féminin dans l'accord des pluriels, m'a toujours irritée, le terme les hommes pour désigner l'humanité dans son entier toujours révoltée. Si je pense que l'écriture inclusive est totalement illisible, par contre j'apprécie de lire et écrire "celles et ceux" ou l'inverse etc etc, ainsi que la féminisation des noms. Je crois que les symboles sont importants et que les petites-filles ont besoin de savoir qu'elles existent.

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    1. Voilà un avis net. Difficile de réagir, je suis un homme et ne peux ressentir de la même manière ce que vous percevez comme une injustice, puisque je suis, si l'on peut dire, du «bon » côté... Je suis sensible à la notion de pouvoir des mots et à l'inhibition que peuvent générer les titres masculins.
      Je trouve que les choses bougent, quand même.

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  6. Que les blogueurs et blogueuses se rassurent le bon sens l'emporte souvent!

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