J'appelle donc « société de provocation » une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation à acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intérieures ou extérieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement créés, mais encore et surtout les besoins les plus élémentaires.
Cette provocation est un phénomène nouveau par les proportions qu'il a prises : il équivaut à un appel au viol.
Romain Gary - Chien blanc (1970, Folio p.98)
Contexte : pillage de magasins lors de violences raciales aux États-Unis à la fin des années soixante.
Et cela a été écrit en 1970, incroyable!
RépondreSupprimerOui c'est ce qui m'a poussé à le citer !
Supprimer"Mais laissez-moi vous dire ceci, mon vieil ami : dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus place pour l’homme. Tout ce qui restera de nous, ce seront des robots."
RépondreSupprimerhttps://www.partage-le.com/2016/01/11/lettre-a-lelephant-par-romain-gary/
Merci pour ce partage, cher Robert Spire, la lettre au Figaro fut écrite il y a plus de 50 ans, à la même époque que "Chien Blanc".
SupprimerPoètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants seraient désormais des importuns. L'humanisme meurt-il du rationalisme, comme Foucault le disait de Dieu ?
C'est avec ce récit saisissant que j'ai découvert l'univers de Romain Gary. Déjà une critique si lucide de la "société de provocation" - appel "à la violence" écrirait-on aujourd'hui.
RépondreSupprimerLucide et bouillant, voilà Gary.
SupprimerLe journaliste écrit "appel à la violence", l'écrivain se permet une évocation plus forte avec l'image du strip-tease et du viol.