Sur le fond, très loin, défilait le paysage du soir qui servait, en quelque sorte, de tain mouvant à ce miroir ; les figures humaines qu'il réfléchissait, plus claires, s'y découpaient un peu comme les images en surimpression dans un film. Il n'y avait aucun lien, bien sûr, entre les images mouvantes de l'arrière-plan et celles, plus nettes, des deux personnages ; et pourtant tout se maintenait en une unité fantastique, tant l'immatérielle transparence des figures semblait correspondre et se confondre au flou ténébreux du paysage qu'enveloppait la nuit, pour composer un seul et même univers, une sorte de monde surnaturel et symbolique qui n'était plus d'ici. Un monde d'une beauté ineffable et dont Shimamura se sentait pénétré jusqu'au cœur, bouleversé même, quand d'aventure quelque lumière là-bas, au loin dans la montagne, scintillait tout à coup au beau milieu du visage de la jeune femme, atteignant à un comble inexprimable de cette inexprimable beauté. [p 23]
Yasunari Kawabata - "Pays de neige" (traduit du japonais par Bunkichi Fujimori et Armel Guerne)
Je m'amuse, dans mon billet j'avais cité (plus longuement) le même passage...
RépondreSupprimerCécile Sakai le cite également dans sa présentation du roman (sa bilbiothèque idéale, 1er lien du billet précédent). Les grands esprits ...
Supprimer:-)
Bonjour Christian, il m'est arrivé une mésaventure avec votre blog, aucune nouvelle parution de s'affichait. Je pensais donc que vous preniez une longue pause quand, ce matin à l'aube je découvre des tas de billets !
RépondreSupprimerPeu à peu je les lirai, les travaux de printemps au potager m'accaparent beaucoup. J'espère que vous allez bien tous les deux !
À très bientôt donc.
Tiens... peut-être faut-il actualiser la page ? Et c'est vrai, j'ai peu publié en début d'année et n'ai repris qu'il y a quelques jours. Vous êtes la bienvenue quand vous voulez, bon travail dans le potager !
SupprimerIl doit y avoir un problème de mon côté pour publier chez vous, mon dernier post d'hier matin est anonyme. J'ai essayé de changer (de Google en URL) et je ne vois pas ce qui se passe car je ne vois pas le message habituel (affichage après approbation).
SupprimerLu il y a longtemps et, curieusement, peu de souvenirs du contenu, comme s'il ne m'en restait que l'atmosphère. Plus les circonstances de cette lecture : je me rappelle bien l'avoir lu lors de vacances d'hiver en famille, et d'une jeune nièce ne cessant de répéter les syllabes qui la fascinaient : Ya-su-na-ri-Ka-wa-ba-ta.
RépondreSupprimerJe souris en entendant la petite fille pendant que vous essayiez de suivre les amours de Mishima... Nous avons tous beaucoup de souvenirs marquants associés à nos lectures ; je m'en sers parfois pour situer un événement dans le temps (mes listes de livres lus).
SupprimerBonne semaine.
J’aurais dû écrire Shimamura (et non Mishima), le personnage principal.
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