27 septembre 2022

Sécheresse

L'an passé à pareille époque, des Belges pansaient les plaies des victimes des inondations dans la région Vesdre, Ourthe, Amblève. Cet été, malgré la pluie revenue, on n'oublie pas la sécheresse qui a jauni les verdures, mis les rivières à nu et provoqué des incendies ravageurs. En juin déjà, une connaissance et sa famille se trouvèrent sans eau dans une maison en Provence. Inondations/sécheresse, les deux côtés d'une même pièce. 

On trouve un entretien simple et clair avec une hydroclimatologue (Florence Habets) dans "Le Un Hebdo" [31 août, n° 412]. Voici quelques points évoqués.

Quand le sol est sec, il absorbe lentement (comme une éponge sèche) et "s'il pleut 100 millimètres en trois heures, ça ne passe pas". Les pluies ruissellent au lieu de s'infiltrer jusqu'aux nappes phréatiques : et l'on voit l'eau dévaler la grande rue.

On augmente les lâchers aux barrages en amont pour soutenir le niveau des rivières. Si la sécheresse dure, les débits sont abaissés ce qui entraîne une réduction de la production hydroélectrique. De même, la diminution du débit constitue un danger pour le refroidissement des centrales nucléaires (on parle de la France).

Outre l'arrosage intensif de terrains de golf et de football, la spécialiste s'interroge sur des usages qui ne seront plus viables : "Peut-on accepter que certaines nappes soient surexploitées pour pouvoir vendre de l'eau minérale ? Le partage de l'eau va devoir faire l'objet de discussions approfondies pour définir les priorités d'usage, y compris du côté des agriculteurs, qui restent les premiers consommateurs d'eau du pays. Ces dernières années, on a constaté une explosion de l'irrigation de la vigne : est-ce vraiment vital dans tous les territoires ? Idem pour les oléagineux : devons-nous irriguer très fortement des champs dont beaucoup sont là pour produire des biocarburants ?"

La climatologue s'inquiète de l'ambiguïté du discours public qui "fait miroiter la possibilité de ne rien changer, d'être sauvés par le progrès technique, de se fier à la bonne volonté de chacun. C'est un leurre qui finira par nous faire tous culpabiliser. Seules des réglementations fortes peuvent nous aider à concevoir un monde plus compatible avec les exigences climatiques.

Tout le monde en convient et la ritournelle dure.

Ce numéro du "Un" propose un heureux mélange d'informations instructives, de littérature et même de philosophie (Jean-Philippe Pierron).

8 commentaires:

  1. Je râle dans ma tête chaque fois que je vois un champ de maïs arrosé, il faudrait arrêter ce type de culture destiné prioritairement à nourrir les animaux ... que l'on consomme. Pareil, en France, hors certains moments ou certaines zones, est-ce nécessaire de boire de l'eau en bouteille? Il est temps de s'inquiéter, oui.

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    1. Tout le monde convient qu'il faut légiférer, mais c'est pour quand ? Toute mesure est forcément impopulaire pour une partie des gens et on n'en sort pas.

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  2. Cet été j'ai tenté de lire sur le sujet malheureusement si les auteurs sont très portés vers ces sujets là les scénarios eux sont très pauvres et ne tiennent pas la distance
    Pour autant il va falloir légiférer car l'eau potable en particulier va devenir un enjeu crucial

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    1. J'ai apprécié de trouver quelques articles simples et intelligents sur le sujet. L'enjeu dépasse la seule sécheresse, évidemment.

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  3. Merci de rappeler l'existence de cet hebdo. Je me contente la plupart du temps du journal, mais ce genre de synthèse peut éclairer sur les données essentielles du problème. Quelle lenteur exaspérante à prendre de bonnes décisions pour le bien commun !

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    1. Pour peu qu'on s'accommode de son format encombrant, "Le Un" est agréable à lire la plupart du temps. Il est moins cher que La Libre ou Le Monde, mais ce n'est évidemment pas le même genre de presse.

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  4. Bonjour Christian, l'eau est vraiment un sujet crucial. Je dois reconnaître qu'ici, où il pleut de moins en moins depuis des années, les terrains de golf, les jardins publics, etc...sont arrosés (sous peine d'amendes...qui sont appliquées) avec de l'eau non potable provenant de la désalinisation de l'eau de mer.
    Mais l'agriculture puise et épuise les sols, les pertes d'eau sont très importantes aussi.
    Beaucoup d'articles, oui, je ne connais pas Le Un mais me réjouis qu'il existe donc !

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    1. Merci de réagir ici, Colette, je ne connais pas bien la désalinisation de l'eau de mer, je vais aller voir de plus près. Je me dis (arrosages) qu'aujourd'hui, le bénéfice des infractions est souvent supérieur au coût des amendes.
      La particularité du "1" est qu'il est en 1 seule grande feuille repliée, à déplier et replier dans tous les sens...

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