"Qu’elle parlât de beauté, il lui parlait du tissu adipeux qui étaie l’épiderme ; qu’elle parlât de l’amour, il évoquait la courbe annuelle qui matérialise les hausses et les baisses automatiques du chiffre des naissances. Qu’elle parlât des grandes figures de l’art, il s’engageait dans l’enchaînement d’emprunts qui relie ces figures entre elles. En réalité, c’était toujours la même chose : Diotime commençait comme si Dieu avait déposé la perle humaine, au septième jour, dans la coquille du monde, sur quoi Ulrich lui rappelait que l’homme était un amas de petits points posé sur la croûte d’un globe nain." [traduit de l'allemand par P. Jaccottet]
Robert Musil - "L'homme sans qualités" (Tome I)
(Stéphane Gödicke) |
Décidément, voilà encore une œuvre à relire ! Merci pour ce bel extrait où j'admire le rythme, les variations... (et me remémore le temps où j'aurais pu proposer aux élèves d'y observer les figures de style).
RépondreSupprimerCet extrait traînait dans mes brouillons.
SupprimerC'est un fameux morceau à relire, le deuxième tome m'attend toujours. J'ai fait l'acquisition du livre "La substantifique moëlle de l'HSQ" (F. de Combret) qui me permettra peut-être d'aller plus vite.
Musil était un excellent écrivain, vous le soulignez très bien (traduit par Jaccottet).
Déjà rien que ce subjonctif imparfait -que j'aime- pour scander les phrases, me met en joie ! Merci.
RépondreSupprimerUn beau style, un peu désuet, qu'on doit à Philippe Jaccottet (traduction) et Robert Musil (original en allemand).
SupprimerBonne fin de semaine !