Toute possibilité d'avenir reposait sur la capacité à tenir mon passé à distance durant quelques années, combien, impossible de le déterminer, un an, deux ans, dix ans, avant de le laisser revenir, ce passé, le moment venu et de pouvoir de nouveau fouler sans souffrance cette terre sèche et solitaire où poussent des caroubiers aussi grands que des maisons, des champs de marguerites et de crocus à perte de vue, les plus jolis buissons d'églantine de tout l'univers, des mûriers aux mûres aussi blanches que la lune, où les cigales éclatent à force de trop chanter dans une odeur d'herbe chaude, cette terre ingrate et merveilleuse où personne ne se rend jamais par hasard. Car rien ne vient ni ne retourne à rien. Pas même cette sorte d'angoisse d'orphelin, d'illégitime, de bâtard avec laquelle il me faudrait me débrouiller. Mais ça, on le comprend avec le temps. Avec l'expérience.
Giuseppe Santoliquido - "L'été sans retour" (Gallimard, 2021)
Un extrait qui retient, qu'on relit - merci.
RépondreSupprimerOn éprouve au fil du roman l'affection de l'écrivain pour cette terre rurale italienne.
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