30 mars 2024

Rien qu’une silhouette



”Je crois qu’on entend encore dans les entrées d’immeubles l’écho des pas de ceux qui avaient l’habitude de les traverser et qui, depuis, ont disparu. Quelque chose continue de vibrer après leur passage, des ondes de plus en plus faibles, mais que l’on capte si l’on est attentif. Au fond, je n’avais peut-être jamais été ce Pedro McEvoy, je n’étais rien, mais des ondes me traversaient, tantôt lointaines, tantôt plus fortes et tous ces échos épars qui flottaient dans l’air se cristallisaient et c’était moi.” (Patrick Modiano)

Guy Roland est amnésique, sa quête est de se trouver à partir de bribes éparses : des noms, des lieux, des témoignages vagues et incomplets, des photos, des indications de Bottins et annuaires, des adresses dans les rues de Paris, si chères à l’auteur. 
Si l’on est désappointé par Modiano, ce peut être parce qu’il paraît sans cesse tourmenté par l’absence, toujours à la recherche de fantômes. Ses errances engendrent davantage de vides que de trame. Ses impasses débouchent sur quelque chose de perceptible rien moins que palpable. L’extrait précédent en témoigne.

Si je l’ai apprécié, je ne me sens pas prêt à chroniquer ”Rue des Boutiques Obscures” (Goncourt 1978). Par contre, voici deux références que j’ai trouvées intéressantes : pourquoi il faut relire ce livre, selon Paule Constant, et l’autrice du blog ”sur un livre perchée” qui y voit des échos chez Perec et Annie Ernaux.

6 commentaires:

  1. Décidément je ne parviens toujours pas à lire Modiano, je m'ennuie à mourir en le lisant hélas
    je n'ai aimé que Dora Bruder mais je vais lire les chroniques que vous signalez

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    1. Bonjour Dominique, peut-être y aura-t-il un déclic en les consultant ?
      Dora Bruder est tout simplement inoubliable.
      Bonne fêtes de Pâques !

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  2. Beaucoup apprécié aussi l'article de Paule Constant, merci pour l'autre lien que je viens de découvrir, avec ce renvoi à "La boutique obscure" de Perec dont je prends note.
    L'errance particulièrement marquée dans ce roman de Modiano est reliée à ces "absences" qui hantent son œuvre. J'y ai trouvé aussi, pour ma part, comme le plaisir d'un jeu d'écriture, de chapitre en chapitre, qui m'a fait ressortir de ma bibliothèque "Si par une nuit d'hiver un voyageur" d'Italo Calvino. Incongru ?

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    1. Je suis content que vous soyez intéressée par les liens qui mènent à Paule Constant et à Perec.
      De mon côté, j’ai relu le livre, un peu en diagonale, et de manière effectivement un peu ludique, afin de me mieux confronter à son côté labyrinthique. Il m’est arrivé de ne plus très bien comprendre via quelle source Guy Roland se trouvait mêlé à tel personnage, à tel lieu. Il y a là quelque chose du jeu d’écriture, en effet.
      Je ne connais pas le livre oulipien (?) De Calvino, mais si votre curiosité vous y a mené, prenez y plaisir et matière à réflexion.

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  3. Ah, je dois vous dire que moi non plus je ne parviens pas à trouver la lecture de Modiano agréable, ni distrayante, ni....pourtant j'aime le personnage. Quand il passe à la radio ou TV, j'aime ses phrases incomplètes, ses errances mentales.
    Je ferai comme Dominique, cliquer sur les liens.
    Merci, bonne semaine.

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    1. Modiano distrayant, je n’irai pas jusque-là. Je me suis aperçu d’une évolution personnelle à propos de cet auteur : avis très mitigés lors de mes lectures d’il y a 30 ans, alors que j’ai pris plaisir à le (re)lire récemment. ”Dora Bruder” et ”Encre sympathique” me semblent avoir servi de déclencheurs.
      Belle journée.

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