5 avril 2024

L’humilité et la mer

 

Il ne faut plus présenter ce classique d’Hemingway (1952). En le relisant, j’ai pu mesurer sa portée qui en fait un des grands livres de la littérature américaine. Santiago, le vieux pêcheur, n’a pas pris de poisson depuis des semaines et à l’aube du 85e jour, il pousse son petit bateau plus loin en mer. La photo de couverture du Folio en dit un peu plus [Spencer Tracy dans le film de John Sturges], mais lisez jusqu’au bout, car la mer est imprévisible.

Traduction de l’anglais (États-Unis) et présentation récentes (2017) sont de Philippe Jaworski. La préface de ce dernier ne porte pas sur la nature allégorique, la morale et les ambiguïtés du récit, mais il fait néanmoins émerger un enseignement éthique : ” la sagesse réside dans l’humilité  [p.9]
Le pêcheur s'interroge ”Qu'est-ce qui t’a fait perdre ? ” et il répond tout haut : ”Rien. Je suis allé trop loin.” [p.130] : l’histoire est marquée du sceau de la transgression. Une apaisante résignation imprègne les dernières pages.

Le traducteur expose les problèmes que pose une version française du texte d’Ernest Hemingway. Outre le rappel de la technique objectiviste de l’Américain - "la prose est débarrassée de tout ce qui pourrait trahir la présence d’un observateur[p.13] -, certaines considérations sont significatives : ainsi remplacer les nombreuses répétitions ("old man”, ”the boy”, ...) par une variété de synonymes français ”serait prêter au personnage ou au narrateur une habileté, voire une virtuosité linguistiques qui n’appartiennent pas au roman”. 
Jaworski clarifie les procédés narratifs d’Hemingway et l’on s’instruit de cette écriture un peu fruste grâce à des explications concises. 

Conseil : il me semble préférable de parcourir la préface après la lecture du roman.

12 commentaires:

  1. Je ne l'ai pas lu, mais là ce serait bien. Je note qu'encore une fois il faut lire un roman avant sa préface. Les considérations sur la traduction m'intéressent toujours.

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    1. Les considérations de traduction sont claires et pas longues, vous serez comblée.
      C’est aussi une bonne histoire, sur le courage et l’humilité.
      La préface après le roman, ça marche toujours bien et j'évite tout spoil.

      Ps: je suis allé sur ”En lisant en voyageant” et me suis un peu perdu 🙃 dans le nouvel arrangement. J’y retournerai prochainement.

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  2. Cette lecture remonte pour moi au temps de l'école et je me souviens d'un style très narratif, sans plus. Je serais curieuse de le redécouvrir.

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    1. Ce style très narratif, vous avez raison, pose problème au traducteur français qui est tenu de ne pas fignoler la langue, pour ne pas travestir Hemingway. Si vous avez l’occcasion de lire la présentation... elle m’a intéressé. De par votre formation, elle vous paraîtra peur-être moins profitable.

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  3. Je garde encore un souvenir fort de Santiago. C'est un très beau récit sur la survie, la dignité et la solidarité. Je prends en compte ce billet pour le book trip en mer puisque l'aventure a été démarrée avec Les naufragés du Wager.:)

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    1. Bonne idée, je n’y ai pas pensé. C’est bien un grand classique de la mer. Merci.

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  4. Autant j'ai aimé le roman autant j'ai détesté le film très ennuyeux à mon goût
    mais vous me donnez envie de le relire

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    1. Le roman, et particulièrement la traduction fidèle de Jaworski, comporte des ressassements. Et si à la lecture, cela passe bien, surtout si on se plie à l’écriture d’Hemingway, je me demande comment cette lutte entre un pêcheur opiniâtre et un poisson qui n’arrête pas de filer et tourner sous la mer, est rendue au cinéma sans ennuyer. Mais je n’ai pas vu le film.

      Hors sujet : savez-vous que les Rois Maudits continuent à meubler mes insomnies et même mes heures creuses en journée ? J’en suis au 5e tome. Vous m’avez convaincu du bienfait des audiolivres... et bien d’autres m’attendent.

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  5. Je me souviens d'avoir eu, de temps en temps, les larmes aux yeux . Hemingway a su donner de l'émotion à ce texte sur, aussi, la tenacité, et l'espoir.
    J'imagine parfaitement la difficulté de cette traduction, en faire un texte simple, mais pas ennuyeux...un art!

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    1. Le courage, la ténacité - un mot important ici, c’est vrai - de Santiago sont très émouvants.
      Merci d’être passée par ici, Colette.

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  6. Je le crois sincèrement que la sagesse réside dans l'humilité. C'est quand on relit certains livres qu'on comprend pourquoi ils sont ces grands livres à la portée universelle.

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    1. Je ne peux qu'adhérer à vos propos, chère Marie. Une belle leçon que nous donnent le vieil homme et le garçon.

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