24 octobre 2014

L'histoire à l'endroit

« L’historien n’accepte aucun dogme, 
ne respecte aucun interdit, 
ne connaît pas de tabous » 
Dans un article titré Pour remettre l'histoire à l'endroit, Le Monde Diplomatique de septembre écrit (Benoît Bréville):
On l'aura compris : les porte-voix de l'histoire «popularisée» ou «vulgarisée» sont rarement des spécialistes. Sur les cinquante meilleures ventes de l'année 2012 en France, seuls treize livres ont été écrits par des historiens de profession – dont sept par Max Gallo, qui a quitté le monde universitaire depuis plusieurs décennies. Les autres sont journalistes (Patrice Duhamel, Franck Ferrand, Bernard Benyamin), animateurs de télévision (Pierre Bellemare, Bern), écrivains (Katherine Pancol, Amin Maalouf), chroniqueurs princiers (Gonzague Sant Bris) ou simples témoins (un prisonnier cambodgien, un résistant, une déportée). Dans bien des cas, le nom de l'auteur fonctionne comme un logo : s'il devenait invisible, le livre se vendrait beaucoup moins bien. Les maisons d'édition jouent d'ailleurs sur l'effet «vu à la télé» en ornant parfois la couverture de leurs ouvrages d'une photographie de l'auteur.

Dans la foulée de cette révocation de recettes pour vendre l'histoire, afin d'en restituer une vision plus correcte mais aussi différente – en démontant des idées reçues –, l'article propose un numéro hors-série : Manuel d'histoire critique réalisé par des universitaires, journalistes et professeurs d'histoire-géographie. Ce manuel se veut accessible et exigeant.

13 commentaires:

  1. Effectivement les livres d'historiens purs et durs se vendent moins bien que ceux des journalistes dont le nom circule un peu partout dans les média, j'y vois malgré tout un intérêt car le savoir universitaire s'accompagne souvent d'un langage peu attirant, d'une forme un peu ennuyeuse et rares sont les historiens (mais il y en a) qui allie l'art d'écrire et le travail qui est le leur. Je trouve qu'une vulgarisation pourvue qu'elle soit honnête n'est pas une mauvaise chose, combien de lecteurs arrivent à un livre d'historien après être passés par un récit simplifié ? Pas toujours c'est certain mais parfois c'est certain aussi.
    C'est ce genre de livre qui m'a entrainé vers la lecture des écrivains de l'antiquité et vers les historiens de cette période, c'est un peu comme la littérature populaire elle mène parfois aux grands textes

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    1. Je n'ai jamais affirmé que la vulgarisation est une mauvaise chose. Je vous l'ai d'ailleurs dit en préambule de mon commentaire à votre article.

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    2. Les buts d'un livre de vulgarisation historique et les ouvrages de «savoir universitaire» sont différents : les premiers visent le divertissement et la vente, voire une initiation bénéfique comme vous le soulignez; les seconds s'efforcent d'être rigoureux et demandent effectivement un effort.
      Je ne veux pas donner les uns ou les autres supérieurs, je tiens simplement à rappeler quelques réserves.
      De plus les livres d'histoire populaires s'en tiennent à une vérité historique un peu trop «admise» qui ne laisse guère place à la contradiction, pourtant souvent justifiée.

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  2. L'édtion fait de plus en plus souvent ces choix commerciaux et il me semble, paradoxalement, que c'est davantage le fait des grands groupes que des petits éditeurs alors que ce sont ces derniers qui souffrent le plus de la crise économique et, c'est clair à présent, de la crise culturelle.
    Merci de nous parler de ce hors-série intéressant, nous en reparlerez-vous ?

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    1. Vous déplacez intelligemment la question vers une question d'édition. Les grands groupes veulent du profit et ce n'est pas auprès d'eux qu'il faut chercher une quelconque vérité qui aille en sens opposé de leurs intérêts.
      Le hors-série s'en prend à des idées très reçues comme celle qui veut que l'Europe doive sa liberté au débarquement des États-Unis ou que tous les soldats étaient unis dans les tranchées en 14. C'était, c'est beaucoup moins simple.

      J'en dirai plus lorsque j'en aurai un aperçu synthétique du livre. En réussissant à trouver ce manuel en librairie (il était épuisé quasi partout, paru en septembre), je suis tombé sur le mensuel "Manière de voir" de la même veine qui reprend ce mois quelques articles percutants qui traitent de la même même question, comme par exemple "L'histoire est écrite par les vainqueurs".

      Enfin je conserve précieusement un hors-série du Monde Diplomatique de 2010 "Histoire critique du XXè siècle" qui m'ouvrit les yeux à l'aide de beaucoup de cartes parlantes. Ainsi celles qui illustrent "Conquêtes inachevées des femmes", sujet auquel je vous sais sensible.

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  3. Bravo pour cette recension. A quand celle du Diplo d'octobre ?

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    1. Merci, mais celui-là, je ne l'ai pas acheté.

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  4. Cher Christew je constate sans être très surpris que nous partageons certaines lectures !
    J'y ai lu dernièrement La colonisation et ses effets positifs ; la symétrie entre les deux grands en 1945.
    Très intéressant, au bas mot !

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    1. Des sujets sensibles qui valent qu'on s'y attache, en effet.

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  5. Un hors-série du monde diplo, cela vaut la peine de s'y arrêter... Je vais peut-être bien l'acheter, merci pour ce billet !

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    1. Bon dimanche Margotte, avec ou sans le diplo hors-série ;)

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