"La fiction peut donc être pour l'imagination et la mémoire de l'individu l'occasion d'éprouver l'existence d'autres imaginations et d'autres imaginaires. Mais cette expérience repose à la fois sur l'existence d'une fiction reconnue comme telle (d'une vue sur le réel qui ne se confond pas avec lui et qui ne se confond pas non plus avec les imaginaires collectifs qui l'interprètent) et sur l'existence d'un auteur reconnu comme tel, avec ses caractères singuliers, et instituant de ce fait avec chacun de ceux qui constituent son public un lien virtuel de socialisation." (p 150)
Marc Augé - "La guerre des rêves" (1997)
Merci pour votre réponse au commentaire précédent et pour cet extrait. La confusion entre fiction et réel tend à s'accentuer, sans doute, aidée par le développement des médias et du numérique. Pour ma part, la fiction littéraire reconnue comme telle participe néanmoins à ma vie réelle, la nourrit même, pour le dire brièvement.
RépondreSupprimerAugé ne veut pas du tout entrer dans le débat du numérique, il le considère utile et intéressant, vous et moi aussi d'ailleurs. Mais il faut veiller à ne pas tomber dans les pièges qu'il nous tend.
SupprimerEt bien entendu, la fiction littéraire n'est pas celle qui pose problème, elle nourrit et continuera à le faire. Elle permet le développement de l'identité, la prise de conscience de l'altérité, et n'a rien à voir avec les médias de la solitude.
« La catastrophe serait justement de comprendre trop tard qu'il n'y a plus de place pour la fiction et l'imaginaire, parce que le réel est devenu fiction», résume-t-on sur le rabat de couverture de l'essai : sous le flux incessant des images, ajouterais-je.