"Belge en Italie, italien en Belgique. Durant des années, je n'ai cessé de vouloir résoudre ce paradoxe. Songe absurde d'une origine, volonté viscérale de rejoindre ce qui se dérobe ? C'est en écrivant, bien plus tard, que s'est enraciné en moi une sorte de pays d'encre, où les champs ensoleillés prolongent les hauts-fourneaux, où les vignes et les oliviers, perchés sur des terrils, dominent le temps et aussi la mort. Un pays éprouvé spirituellement, à la croisée de mes influences, où mon cœur, comme placé face à un miroir, s'est retrouvé tel qu'il était.
Depuis lors, c'est là où je me tiens."
Giuseppe Santoliquido - "Le don du père"
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Gallimard, 2025 - 205 pages |
Après avoir lu "Un été sans retour" (2021), magnifique roman d'une affaire criminelle, ce livre récent et autobiographique m'a moins emballé. L'ennui a parfois gagné ma lecture ; puis l'une ou l'autre référence religieuse, comme de possibles retrouvailles dans l'au-delà m'ont embarrassé.
S'il se passe en partie dans les faubourgs de ce Liège où je vis, dont je connais les vieux quartiers industriels qui me remplissent de la nostalgie du siècle passé (Seraing, Jemeppe, Herstal), le livre raconte avant tout l'histoire des parents et grands-parents de Santoliquido, venus d'Italie en région liégeoise pour y travailler et élever leurs enfants dans la dignité et un meilleur bien-être.
L'auteur y figure un personnage important, mais le récit gravite autour du père qui, malade des poumons, est en fin de vie. On retrouve les émouvants accents de sincérité de l'auteur belgo-italien.
À travers la narration, se dessine la confession de ce que le narrateur reconnaissant se reproche envers ce papa: de n'avoir compris que trop tard qui il était, comme beaucoup d'enfants – blancs-becs arrogants que nous avons parfois été – élevés par des parents aimants et cléments.
J'ai beaucoup aimé Un été sans retour, moins Le don du père...
RépondreSupprimerNous sommes d'accord donc.
SupprimerN'indiquant aucun lien associé à votre prénom, êtes-vous la Pascale qui échangeait régulièrement des commentaires sur ce blog (ou en parallèle par courriel), il y a quelques années ? (Pascale A.)
Les récits qui se déroulent dans des lieux que nous connaissons réveillent forcément des souvenirs. Sans doute, en racontant leur histoire, l'auteur a voulu rendre hommage à ses parents, ce qui l'honore.
RépondreSupprimerRendre hommage à ses parents et grands-parents, c'est certainement un des buts poursuivis par l'auteur. Le "blanc-bec" du dernier paragraphe est le terme dont il se qualifie dans ses attitudes envers son père, alors qu'il lui montre que lui sait faire des affaires, vendre des autos, sans songer que c'est à son vieux paternel qu'il doit tout.
SupprimerSi je mets le terme à la 1è personne du pluriel, c'est moi que je vise, qui ai des remords envers le mien, de père, envers lequel j'ai eu mes suffisances de jeune qui peut et sait tout.
La compagne d'un ami de mon mari a vécu cette situation: parents italiens, père mineur décédé les poumons encrassés, je crois que ce livre pourrait l'intéresser, mème s'ils vivaient dans la région de Mons.
RépondreSupprimerJe vous envoie un courriel par ailleurs.
SupprimerUn auteur que je ne connais pas. Cette question des racines est universelle, il me semble. Qui sommes-nous vraiment ? D'où venons-nous vraiment ? Où sommes-nous vraiment chez nous ? Je comprends tout à fait...
RépondreSupprimerL'auteur s'est enraciné dans un pays d'encre, grâce à l'écriture, il a trouvé son "pays".
SupprimerMais vous savez cela, Marie, écrivant vous-même.