En avant-propos, Régine Detambel déclare qu'elle a "toujours rêvé d'écrire un livre sur les livres, sur leur pouvoir, sur leur mission, sur les modifications, psychiques et même physiques, qu'ils entraînent ou provoquent en nous." C'est chose faite avec ce petit volume de 150 pages qui s'affiche comme un manifeste pour une bibliothérapie créative ; elle y expose ses approches thérapeutiques de la littérature.
Selon Marc-Alain Ouaknin ("Lire c'est guérir"-1994), "la bibliothérapie consiste à rouvrir les mots à leurs sens multiples. Par la magie de l'interprétation, l'ouvrage poétique dénoue les nœuds du langage, puis les nœuds de l'âme, qui s'opposaient à la vie et à la force créatrice". Cela permet de sortir de l'enfermement, de la lassitude, pour se réinventer dans la dynamique du langage. Nous sommes loin de la psychologie anglo-saxonne où un biblio-coach préconise des livres de mieux-être grand public ou des self-help books qui encadrent le patient-lecteur dans un changement comportemental et psychologique. À l'opposé, pour Régine Detambel, la lecture thérapeutique ne doit pas être médicalisée, on ne prescrit pas un livre comme un médicament. Cette romancière, kinésithérapeute de formation, conseille plutôt des romans et poésies, ce qui exige de bien connaître la littérature, avec l'intuition et l'expérience issues d'un vécu de lectrice/lecteur. Elle appuie ici sa réflexion sur des travaux reconnus (belle bibliographie de six pages), à l'écart des lieux communs du bien-être de masse.
Reprenons les mots de François Busnel ("L'Express"): "Un roman attend chacun de nous, quelque part. A nous de le trouver. La rencontre avec la fiction régénère, nous arrache à nos souffrances et ouvre des fenêtres dont nous ne soupçonnions même pas l'existence. Le roman, donc, et ses labyrinthes plutôt que l'essai et ses lignes droites. La pluralité des sens plutôt que la formule conceptuelle ou le conseil de vie. Régine Detambel montre à quel point la métaphore est efficace : elle est mystère et représentation verbale de nos maux."
Un chapitre clé de l'ouvrage est "L'action transfigurante de la fiction". On y explique que notre espèce humaine est fabulatrice, car le récit lui est nécessaire (voir "L'espèce fabulatrice" de Nancy Huston). Une transformation du lecteur peut s'opérer grâce à une force étrange, qui tient en une page, un paragraphe ou un seul mot, la métaphore : "Elle seule touche au corps. Sans elle, un texte est un morceau de bois mort".
Point n'est besoin d'être malade pour «se soigner» par les livres, quoi qu'il en soit, ils nous aident à vivre. Si celui-ci répond aux questions de bibliothérapeutes veillant sur des personnes déprimées ou en souffrance, en fin de vie peut-être, le fait de décrire le bénéfice que la lecture peut procurer à des blessés de l'existence, conduit chacun à y (re)trouver son propre rapport aux livres. Et peut-être raviverons-nous des lectures qui nous ont épaulés, remodelés, transformés, alors que nous étions dans le doute ou dans la peine. La lecture est une amitié, écrivait Proust, c'est-à-dire un possible réconfort.
Reprenons les mots de François Busnel ("L'Express"): "Un roman attend chacun de nous, quelque part. A nous de le trouver. La rencontre avec la fiction régénère, nous arrache à nos souffrances et ouvre des fenêtres dont nous ne soupçonnions même pas l'existence. Le roman, donc, et ses labyrinthes plutôt que l'essai et ses lignes droites. La pluralité des sens plutôt que la formule conceptuelle ou le conseil de vie. Régine Detambel montre à quel point la métaphore est efficace : elle est mystère et représentation verbale de nos maux."
Un chapitre clé de l'ouvrage est "L'action transfigurante de la fiction". On y explique que notre espèce humaine est fabulatrice, car le récit lui est nécessaire (voir "L'espèce fabulatrice" de Nancy Huston). Une transformation du lecteur peut s'opérer grâce à une force étrange, qui tient en une page, un paragraphe ou un seul mot, la métaphore : "Elle seule touche au corps. Sans elle, un texte est un morceau de bois mort".
Point n'est besoin d'être malade pour «se soigner» par les livres, quoi qu'il en soit, ils nous aident à vivre. Si celui-ci répond aux questions de bibliothérapeutes veillant sur des personnes déprimées ou en souffrance, en fin de vie peut-être, le fait de décrire le bénéfice que la lecture peut procurer à des blessés de l'existence, conduit chacun à y (re)trouver son propre rapport aux livres. Et peut-être raviverons-nous des lectures qui nous ont épaulés, remodelés, transformés, alors que nous étions dans le doute ou dans la peine. La lecture est une amitié, écrivait Proust, c'est-à-dire un possible réconfort.
Avec, en outre, de beaux passages tirés d'ouvrages sur la lecture et l'écriture, voilà un opuscule très précieux.
Déjà lu (sans billet), ainsi que le Huston... Les deux autres sont repérés. En tant que lecteurs, on aime lire sur les livres et on est convaincu de leurs bienfaits.
RépondreSupprimerCeci étant bien sûr qu'il n'y a pas d'ordonnances, du genre 'pour tel problème, tu lis tel livre', de plus on est différents.
Dans un autre domaine, voici un article, comme quoi quand on est triste, ça fait du bien d'écouter de la musique triste aussi!
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/11/10/23034-musique-triste-cest-bon-pour-moral
C'est toute la difficulté de la biblio-thérapie, il n'y a pas de règle, l'un(e) n'est pas l'autre.
SupprimerÉcouter du triste quand on est triste ? Mais oui, merci beaucoup pour le lien vers cet article qui ne doit pas me convaincre. Pareillement, en philosophie, si l'on a un ressenti pessimiste sur l'existence, l'on sera bien plus réconforté et en phase parmi les pages de penseurs tristes, comme l'écrit Frédéric Schiffter.
Mais ceci relève d'essais, la biblio-thérapie selon Detambel, c'est d'abord métaphores et fictions.
"L'espèce fabulatrice" est un livre intelligent, incontournable selon moi.
SupprimerJ'ai déjà noté ce titre qui m'intéresse, bien sûr, ayant déjà beaucoup pratiqué ce genre de thérapie. Votre billet confirme son intérêt. Et merci de me rappeler ce titre de Nancy Huston, pas encore lu.
RépondreSupprimerJe suppose que vous avez pratiqué cela en tant qu'enseignante, vous êtes bien placée, vous aimez la littérature et vous lisez (et avez lu) beaucoup !
Supprimerla bibliothèrapie je l'applique souvent, mon choix va de la poésie à la philosophie, quand rien ne va impossible de m'attacher aux romans, les personnages m'ennuient, je n'entre pas dans le récit
RépondreSupprimermais la poésie c'est une consolation fabuleuse, toujours prête
j'ai parcouru rapidement ce livre en librairie, je vais le noter mais plus sûrement le Ouaknin car j'apprécie l'auteur
La poésie est par définition privilégiée pour conférer de multiples sens aux mots. Le Ouaknin vous conviendra bien à mon avis et si vous feuilletez le Detambel, à la fin, piochez dans la bibliographie.
SupprimerJ'avais déjà repéré un article sur le thème que j'ai enregistré : http://www.slate.fr/story/175707/lire-guerir-stress-angoisse-etude?fbclid=IwAR1wAHiRJ9Xx9EQQCIRFr_9jyHWpE3SXjDxlYALc4qoK42wKHaNAWsigk48
RépondreSupprimer"Pour vaincre votre stress lisez des livres. J'ai noté toutes ces références ! J4en suis convaincue !
L'auteure canadienne de l'article que tu cites est chargée de cours en créativité, on est au centre du thème de R. Detambel. J'y note cette belle citation de Maupassant, "Les mots noirs sur le papier blanc, c'est l'âme toute nue".
SupprimerMerci Maggie.
Un opuscule très précieux en effet. J'ai lu le Nancy Huston, j'aime les histoires, beaucoup. Nos vies comme des récits.
RépondreSupprimerMais jamais je n'ai employé les livres, les poèmes, pour me soigner de quoi que ce soit, mais j'aime l'évasion, et surtout, mais ça vous le savez, la poésie où la langue, le rêve sont sans limites.
Bonne journée Christian.
Si vous aimez le rêve sans limites, la poésie, c'est que cela a sur vous un effet positif, bénéfique. Cela se traduit peut-être même physiquement, qui sait ? Je n'en sais rien, c'est ce qu'estime l'auteure du livre.
SupprimerJe ne pense pas que j'aie jamais entamé un livre avec l'intention de soigner quoi que ce soit. Néanmoins, j'ai l'impression qu'ils ont (eu) le pouvoir de transformer certaines choses en moi, en bien je veux dire.
Bonne journée Colette.
J'étais sûre pourtant d'avoir laissé un commentaire...
RépondreSupprimerJ'ai lu ce livre de Régine Detambel il y a quelques temps et bien évidemment j'ai beaucoup aimé. Je crois fort à la bibliothérapie. Je la pratique depuis l'année où j'ai appris à lire.
Bon week end !
Je n'ai jamais pratiqué la biblio-thérapie de façon délibérée, mais je crois aux bienfaits de la lecture telle que l'envisage l'auteure.
SupprimerBonne fin de semaine Marie.
(Vous avez laissé un commentaire publié le 19 mai à propos du même livre – l'exil de la langue – mais je n'ai rien vu d'autre).